Une poignée de graphistes de Toronto se sont rencontrés au célèbre Arts and Letters Club, sous le haut plafond d'une superbe pièce. C'était en 1956. Le but premier du groupe était de mettre en valeur les compétences uniques des graphistes ; cette initiative a aussi permis à la profession d'acquérir de la notoriété au Canada.

Donner une présence nationale à une petite société établie à Toronto au sein d'une industrie des communications en pleine croissance n'était pas tâche facile. Cinquante ans plus tard, un timbre au tarif du régime intérieur (51 ¢) sera émis pour commémorer la fondation de la Société des designers graphiques du Canada.

Une feuille d'érable rouge entre deux bandes de la même couleur ancrées sur une toile de fond blanc -- notre drapeau canadien -- est l'exemple iconique d'une œuvre d'art graphique. Le magazine que vous tenez en constitue un autre modèle. Le graphisme est un moyen de communication universel qui permet de transmettre une idée ou un concept au moyen d'éléments visuels et écrits. La démarche utilisée pour la conception du timbre du 50^e anniversaire de la Société, qui a été réalisé par la maison Ion Design Inc., à Vancouver, est celle de la simplicité et du symbolisme. L'œuvre plutôt minimaliste représente la lettre « g » en bas de casse stylisée qui forme une interprétation unique du castor, un symbole canadien précieux et le thème du tout premier timbre-poste du Canada.

« Notre intention était de créer un symbole qui était représentatif du milieu canadien des arts graphiques au moyen de caractères et d'images. Le castor allait de soi », affirme David Coates, partenaire d'Ion Design. « Sir Sanford Fleming a reconnu ce fait lorsqu'il a conçu le premier timbre du Canada. Nous nous sommes inspirés de son idée d'origine pour concevoir ce timbre. »

« Nous avons adopté une démarche sobre et un style plus réservé, ajoute Rod Roodenburg, également partenaire d'Ion Design. Nous nous sommes imposés comme règle de combiner la typographie et l'image d'une façon qui illustre judicieusement ce que les graphistes s'efforcent de faire lorsqu'ils créent un symbole ou une image durables. La construction typographiquement abstraite du castor en capte l'essence et transmet jusqu'à un certain point le psyché du concepteur canadien. »

On dit que l'art du graphisme provient des arts d'impression de l'Orient ancien. Le plus ancien livre qui ait été imprimé et daté -- Soutra du diamant -- a été fabriqué en 868 de notre ère, au moyen de gravures sur bois sculpté. Pendant des siècles, les traditions et les techniques des métiers de l'impression et de la composition, de l'illustration et des arts graphiques ont produit une pléthore de maquettistes, de lettreurs, de calligraphistes, de typographes, de préparateurs de plaques et d'imprimeurs qui possédaient les compétences nécessaires pour la reproduction d'imprimés.

Aujourd'hui, les petits studios de graphisme indépendants qui regroupent entre 5 et 25 employés continuent de former la base de l'industrie au Canada. Par conséquent, le mandat de la Société et le nombre d'adhérents sont plus importants que jamais. Les graphistes, les enseignants, les administrateurs et les étudiants, les partenaires des domaines connexes et les sociétés commanditaires forment un réseau d'assistance qui sert de ressource à la profession et au public.

Selon David Coates, concevoir un motif qui serait scruté par les professionnels du graphisme représentait un vrai défi. Cependant, il s'est vite rendu compte que le timbre ne pouvait pas qu'intéresser les concepteurs. « Lorsque vous le regardez la première fois, explique-t-il, vous n'y remarquez que des lignes. Vous voyez une composition de caractères. Mais lorsque vous l'examinez de plus près et que vous apercevez les autres superpositions, vous reconnaissez les caractères symboliques. Voilà l'essence du graphisme. »

Pour tout complément d'information, consultez le site www.gdc.net.