Il y a, dans un cadre suspendu au mur du bureau de Jorge Peral, une grande illustration d'un cheval, très belle œuvre que M. Peral a dessinée pour le plaisir en 1991. Imaginez alors sa joie quand on lui a demandé de graver une image représentant les chevaux de l'île de Sable pour l'émission d'un des nouveaux timbres courants de 2 $ de Postes Canada.

Aujourd'hui vice-président de la conception à la Compagnie canadienne des billets de banque limitée, Jorge Peral a étudié l'art graphique avant de se spécialiser dans la gravure, qu'il pratique avec la sensibilité d'un artiste. Il a gravé sur acier les quatre timbres courants de valeur nominale élevée qui s'inscrivent dans la série de Postes Canada consacrée à la faune cet automne. Les nouveaux timbres courants de valeur élevée (2 $) sont ornés des motifs de chevaux de l'île de Sable et d'un faucon pèlerin.

M. Peral explique que l'art de la gravure s'est développé il y a plusieurs siècles grâce aux joailliers, qui traçaient des figures sur des métaux précieux, puis les enduisaient d'encre pour les rendre plus visibles. On a bientôt construit des presses pour imprimer l'encre accumulée dans les sillons du métal sur du papier. En gravure sur acier, c'est le papier qui est pressé contre les sillons pour créer un relief. « La gravure en taille-douce est l'un des premiers procédés utilisés pour empêcher la contrefaçon, raconte M. Peral. Elle demeure l'une des meilleures techniques grâce, en partie, à la texture obtenue au moyen de la gravure sur acier, mais aussi parce que les lignes les plus fines et les moindres détails peuvent être reproduits avec précision. La technique du graveur devient un élément de sécurité. »

Composée entièrement de lignes calibrées avec soin, certaines se croisant, d'autres coulant librement, l'illustration des chevaux de l'île de Sable reflète bien la technique de M. Peral. « Pour adoucir les formes, je n'ai pas dessiné de contour, et j'ai tracé des lignes grasses et des lignes fines pour obtenir la texture voulue, explique-t-il. L'impression de volume est obtenue par les lignes qui parcourent le corps des chevaux, créant des zones d'ombre et de lumière, pour un effet tridimensionnel. Les lignes épaisses sont gravées plus profondément - elles retiennent une plus grande quantité d'encre, ce qui les fait paraître plus sombres. Les traits fins sont peu profonds - ils retiennent moins d'encre et sont donc plus pâles. En travaillant ainsi, on obtient des nuances différentes avec la même couleur d'encre. »

Tout en gravant l'image des chevaux, M. Peral se réjouissait à la perspective de commencer le faucon pèlerin. « C'est une image plus détaillée que je devrai créer en traçant une plume à la fois », dit-il.

Les deux figurines sont imprimées en taille-douce et en offset, et les couleurs d'arrière-plan, lithographiées. Sur la vignette du faucon, le ciel ocre semble couvert, ce qui contraste subtilement avec le gris de la mer derrière le rocher et situe l'image dans l'espace. Cette palette froide produit des tons différents des autres timbres de la série.

L'émission de ces deux timbres courants de 2 $ coïncidera avec celle des pièces de la Monnaie royale canadienne ornées d'images semblables. Ils remplaceront la figurine de l'ours blanc (2 $) émise en 1998, en vente jusqu'à épuisement des stocks.