Pour les Canadiens et les Canadiennes, la Bibliothèque nationale du Canada constitue une mine de ressources culturelles, d'envergure mondiale, qui leur permet de mieux connaître leur pays grâce à la production patrimoniale de compatriotes érudits, écrivains et musiciens. Pour souligner le cinquantenaire de cette institution et célébrer la créativité et la culture du pays, Postes Canada a créé un jeu de quatre timbres qui rend aussi hommage à cinq de ses écrivains. Imprimées au tarif du régime intérieur, les vignettes sont proposées en carnet de huit.

LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU CANADA
Le 1^er janvier 1953, la Bibliothèque nationale du Canada voit le jour; W. Kaye Lamb en est le premier directeur. Sa mission consiste à rassembler, à sauvegarder et à rendre accessible à l'ensemble de la population canadienne tout ce qui est publié au pays. Elle voit à la préservation d'une collection unique et exhaustive de quelque 16 millions de réalisations typiquement canadiennes : livres, périodiques, enregistrements sonores, bandes vidéo, microformes et documents électroniques. Chaque année, plus de 600 000 acquisitions viennent enrichir ce patrimoine. La Bibliothèque propose également une base de données bibliographiques, utile aux bibliothèques, à l'industrie du livre et à d'autres diffuseurs d'information, et offre un service de référence, de recherche et d'orientation.

DES ÉCRIVAINS CANADIENS DE RENOM
SUSANNA MOODIE (1803-1885)
Les sœurs Susanna Moodie et Catharine Parr Traill figurent parmi les écrivains canadiens-anglais les plus importants du XIX^e siècle. Nées Strickland, en Angleterre, à seulement 23 mois d'intervalle, elles commencent à écrire très tôt, après le décès de leur père, en 1818. Elles immigrent en 1832 avec leur mari pour s'installer dans les régions forestières inexplorées de l'Ontario. Là, elles notent et interprètent leurs expériences de pionnières. Seule la mort mettra fin à leur carrière. Publié en 1852, Roughing It in the Bush (Vivre à la dure dans la brousse) est l'ouvrage le plus connu de Moodie. L'auteure marie une moralité inébranlable à une fascination pour les différences de caractère, tout en injectant à sa prose une bonne dose d'esprit et de gaieté. Ce roman et sa suite, Life in the Clearings (La vie dans les clairières), publiée en 1853, assoient sa réputation de femme de lettres.

CATHARINE PARR TRAILL (1802-1899)
Écrivaine et botaniste, Catharine Parr Traill doit surtout sa célébrité à son livre Les forêts du Canada (The Backwoods of Canada). Publié en 1836, l'essai constitue un intéressant récit, fidèle et scientifique de ses trois premières années en Ontario. L'auteure, pragmatique et optimiste, se sert des détails réalistes qui deviendront une caractéristique de la tradition littéraire canadienne.

MORLEY CALLAGHAN (1903-1990)
Romancier, nouvelliste, journaliste et communicateur, Morley Callaghan naît à Toronto et y étudie le droit. Bien qu'il ait été admis au barreau, en 1928, il abandonne la profession pour se consacrer à la littérature, à l'instigation de son ami Ernest Hemingway. Aidé par ce dernier, Callaghan publiera ses premières nouvelles à Paris, dans les revues This Quarter (1926) et Transition (1927), puis lancera son premier roman, Strange Fugitive (Le fugitif étrange), en 1928. Lauréat de nombreux prix, l'écrivain travaille comme journaliste à Toronto et à Montréal, tout en continuant de publier dans diverses revues littéraires. The Many Coloured Coat (Le manteau multicolore) et A Time for Judas (Un temps pour Judas), parus en 1960 et en 1983 respectivement, comptent parmi ses œuvres tardives. Quant à son chef-d'œuvre, The Loved and the Lost, il lui vaut, en 1951, le prix littéraire du Gouverneur général.

HECTOR DE SAINT-DENYS GARNEAU (1912-1943)
Arrière-petit-fils de l'historien François-Xavier Garneau et petit-fils du poète Alfred Garneau, de Saint-Denys Garneau est cousin de la poétesse et romancière Anne Hébert. Son œuvre marque un tournant de l'histoire de la poésie québécoise; il est considéré comme le premier véritable poète moderne de la province. Radicale de par sa forme, caractérisée par des vers libres, une absence de ponctuation et une syntaxe brisée, la poésie de Saint-Denys Garneau est également originale par ses thèmes et une distanciation empreinte d'ironie. Entre 1934 et 1937, il se lie avec les jeunes intellectuels catholiques responsables de la revue La Relève. À cette époque, il rédige aussi son journal, qui sera publié à titre posthume, en 1954.

ANNE HÉBERT (1916-2000)
Poétesse, romancière et dramaturge, Anne Hébert est orientée très tôt vers une carrière littéraire par son père, Maurice Hébert. Amie et cousine de Saint-Denys Garneau, Hébert reprend, d'une manière spectaculaire, le flambeau de la tradition littéraire familiale. En 1942, elle publie son premier recueil de poèmes, Les songes en équilibre, suivi de deux autres réalisations majeures. Lancé en 1950, Le torrent, sa première œuvre en prose, devient un classique. En 1970, Hébert fait de nouveau preuve de sa virtuosité dans le grand roman Kamouraska. Lauréate de nombreux prix littéraires, elle s'est souvent sentie poussée à écrire sur un Québec dominé et opprimé par le clergé.

LES MOTIFS DES TIMBRES
La conception graphique de l'émission commémorative consacrée à la Bibliothèque nationale du Canada est une réalisation de la Torontoise Katalin Kovats. Un portrait des cinq écrivains choisis, accompagné d'un livre, ouvert, forme les motifs des quatre timbres de l'émission. L'ajout de notes manuscrites assure aux vignettes leur spécificité et évoque le domaine de l'écriture. Pour la graphiste, il était important que les motifs donnent l'impression que les auteurs eux-mêmes avaient écrit sur les timbres de façon à suggérer l'immortalité que leur a accordée leurs œuvres.