Le 25 novembre 2021, Postes Canada a émis un nouveau timbre commémoratif en l’honneur de l’écrivaine légendaire Margaret Atwood.
La reine de la littérature canadienne, qui compte plus de 50 œuvres à son actif, écrit depuis 60 ans. Au cours de sa carrière, elle a vendu dans le monde entier des millions de livres qui lui ont valu de nombreux grands prix littéraires, dont le prix Giller et deux prix Booker.
Auteure de romans, de nouvelles, de poésie, de critiques, de romans graphiques et de livres pour enfants, Margaret Atwood gagne de nouveaux admirateurs à chaque nouvelle publication, au Canada comme à l’étranger. Ses histoires les plus connues sont adaptées pour le cinéma, le théâtre et la télévision. La série télévisée La servante écarlate, entre autres, a été acclamée par la critique en plus de remporter plusieurs prix Emmy.
Depuis des décennies, ses récits et les thèmes qu’elle explore de main de maître – la vérité, la dégradation de l’environnement et, bien sûr, le pouvoir – captivent et interpellent les lecteurs.
Le timbre commémoratif comprend un vers de son poème Spelling (1981), qui démontre sa conviction que chacun doit oser faire entendre sa voix :
« A word after a word after a word is power. »
(Mot après mot après mot naît le pouvoir.)
Les premières années
Née à Ottawa en 1939, l’auteure à succès grandit dans les bois du nord de l’Ontario et du Québec. À l’âge de six ans, elle commence à écrire des poèmes, des pièces de théâtre sur la moralité et des bandes dessinées.
Sa famille déménage à Toronto en 1946 – une expérience qu’elle racontera plus tard dans son roman Œil-de-chat. Elle étudie ensuite à l’Université de Toronto sous la direction du poète de renom Jay Macpherson et de l’influent critique littéraire Northrop Frye. Elle obtient par la suite une maîtrise du Radcliffe College.
Au début des années 1960, Margaret Atwood fait son entrée sur la scène littéraire canadienne avec deux recueils de poésie, Double Persephone et The Circle Game. Ce dernier lui vaut le premier des deux Prix littéraires du Gouverneur général qu’elle remportera en carrière et confirme son grand talent de poète.
C’est en 1969, lors de la publication de son premier roman, La femme comestible, que Margaret Atwood se distingue comme auteure de fiction. Cette œuvre explore les thèmes de la relation qu’entretiennent les femmes avec la société, les hommes et la nourriture, ainsi que les absurdités incessantes de la vie moderne.
« J’ai toujours pensé que manger était une activité ridicule. Je m’en passerais bien si je le pouvais, mais on dit qu’il faut manger pour rester en vie. » (traduction libre)
– La femme comestible
Une plume novatrice
Écrivaine parmi les plus prolifiques au Canada, Margaret Atwood sort volontiers des sentiers battus.
Dans son roman Œil-de-chat, publié en 1988, elle aborde les questions de la mémoire et de l’enfance, ainsi que les thèmes de l’identité, du secret et de la trahison. Le livre connaît un franc succès, auprès du public comme de la critique. Il remporte le Toronto Book Award et fait partie des finalistes pour le prix Booker.
Dans les deux romans qu’elle écrit par la suite, eux aussi primés – La voleuse d’hommes (1993) remporte le Trillium Book Award, et Captive (1996) devient un best-seller international et remporte quant à lui le prestigieux prix Giller –, elle s’interroge sur le sens de la vérité et explore une nouvelle structure narrative.
Captive, qui s’inspire de la véritable histoire de Grace Marks, condamnée pour « meurtre », représente encore à ce jour l’une des structures narratives les plus complexes jamais créées. La cinéaste canadienne Sarah Polley, qui lit le roman pour la première fois à l’adolescence, l’adapte une vingtaine d’années plus tard, en 2017, pour sa série à succès diffusée sur le réseau CBC et sur Netflix.
« Les gens parlent de la folie comme s’il s’agissait d’un autre point cardinal, d’une maison distincte dans laquelle on se glisse, ou alors d’un tout autre pays. Mais quand on devient fou, on ne va nulle part, on reste là où on est. Et quelqu’un d’autre arrive. » (traduction libre)
– Alias Grace
Et ça continue!
Après un demi-siècle d’écriture, Margaret Atwood n’a aucune intention de ralentir.
En 2000, elle remporte son premier prix Booker avec un autre succès, Le tueur aveugle. Elle continue par la suite à repousser les limites de sa créativité en plongeant ses admirateurs dans de nouveaux mondes imaginés de toutes pièces avec Le dernier homme (2003), L’Odyssée de Pénélope (2005) et Le temps du déluge (2009).
Ce sont d’ailleurs ces visions dystopiques qui semblent résonner le plus auprès de ses nouveaux lecteurs. En 2017, la nouvelle adaptation télévisée de La servante écarlate (qui s’inspire de son roman de 1985) se hisse dès ses débuts au rang de phénomène culturel mondial. La cape rouge et le bonnet blanc deviennent alors un symbole frappant de l’oppression des femmes.
« Il existe plus d’une sorte de liberté, disait Tante Lydia. La liberté de et la liberté par rapport à. Au temps de l’anarchie, c’était la liberté de. Maintenant on vous donne la liberté par rapport à. Ne la sous-estimez pas. »
– La servante écarlate
Les testaments, la suite, est publié en 2019 et bat instantanément des records de vente. Il permet également à Margaret Atwood de remporter un second prix Booker.
Hommages et engagement
La liste des œuvres et des réalisations de Margaret Atwood pourrait à elle seule remplir un livre – sans oublier les éloges qu’elle reçoit au fil des ans.
En plus de quelques dizaines de prix littéraires, on lui remet notamment une bourse Guggenheim, le prix littéraire international Franz Kafka, le prix littéraire de la paix Dayton et le prix PEN Pinter.
Elle est membre de la Société royale du Canada, Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres de France, membre honoraire international de l’American Academy of Arts and Sciences et, depuis 1981, Compagnon de l’Ordre du Canada.
Elle reçoit plusieurs diplômes honorifiques, dont ceux de l’Université de Toronto, de l’Université Harvard et de l’Université d’Oxford.
En plus de son extraordinaire carrière littéraire, Margaret Atwood se porte à la défense des enjeux qu’elle aborde dans ses écrits, dont l’environnement, la conservation des oiseaux, l’alphabétisation et les droits de la personne. Elle est cofondatrice du Writers’ Union of Canada, de la Writer’s Trust of Canada et de l’organisme PEN Canada. Elle continue de défendre ces causes et d’inspirer ses admirateurs à trouver leur voix et à lui emboîter le pas.
« Notre voix est un véritable don que nous nous devons de chérir et d’utiliser pour communiquer le plus humainement possible. L’impuissance va de pair avec le silence. » (traduction libre)
– Second Words: Selected Critical Prose
Postes Canada célèbre Margaret Atwood avec un nouveau timbre commémoratif
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