« Il a toujours dit qu’il ne cherchait pas à être une étoile, mais qu’il aimerait bien être une comète. Et c’est exactement ce qu’il était. »
– Ariel Rogers
Quand Stan Rogers montait sur scène avec sa guitare, sa présence était électrisante. Du haut de ses six pieds quatre pouces, il se donnait tout entier à sa musique, qui mettait en valeur sa voix riche, dont le son rappelait celui des vagues grondantes de la Nouvelle-Écosse. Ses ballades racontaient la réalité des marins, des éleveurs, des mineurs et d’autres personnes dont les histoires l’habitaient.
« Stan racontait de vraies histoires. Il aimait parler aux gens et les écouter parce qu’il s’intéressait à ce qu’ils faisaient et qu’il voulait en parler, raconte sa veuve, Ariel Rogers. Il avait le don incroyable de transformer cette expérience de vie en quelque chose de profond, de sorte qu’on parvenait à voir la réelle essence des gens. »
Né le 29 novembre 1949 à Hamilton, en Ontario, M. Rogers fait partie d’une famille de musiciens et apprend tout seul à jouer de la guitare dès l’âge de cinq ans. Ses parents encouragent les talents musicaux innés de leur fils, qui commence à se produire dans des cafés et d’autres petites salles à 14 ans.
De plus en plus inspiré par la musique celtique traditionnelle, dont il s’empreint pendant ses nombreux étés chez sa famille en Nouvelle-Écosse, Stan Rogers passe graduellement du rock and roll au folk. Il conquiert un large public grâce à sa passion pour la culture des Maritimes, terre de ses ancêtres. Après avoir brièvement fréquenté l’université, il se concentre sur sa carrière musicale professionnelle en jouant dans des clubs et des festivals partout en Ontario et dans les provinces de l’Est.
« Il aimait monter sur scène. C’est quand il donnait tout ce qu’il avait qu’il se sentait bien, affirme Mme Rogers. C’était un échange. Il se donnait à fond, et le public lui rendait la pareille. Il ne chantait pas aux gens, il chantait avec eux. »
Quelques années plus tard, Mitch Podolak, cofondateur du Winnipeg Folk Festival, crée sa propre étiquette pour enregistrer le premier album de Stan Rogers. Fogarty’s Cove sort en 1976 et contient des chansons abordant des sujets à la fois profondément personnels et universellement pertinents. Le musicien s’inspire de récits du passé pour créer une œuvre touchante et actuelle, du chant de marins typique « Barrett’s Privateers », succès de son premier album, à l’hymne émouvant « Northwest Passage » (1981), la chanson titre du dernier disque sorti avant sa mort.
« Il pouvait passer toute une journée à naviguer sur un chalutier sur le lac Érié même s’il avait un mal de mer terrible, ou à faire de l’équitation dans un ranch s’il y avait un cheval assez grand pour lui, explique Mme Rogers. Tout ce qu’il voulait, c’était partager sa musique. Il croyait fermement que ce qu’il écrivait était bon et vrai. »
Stan Rogers finit par créer sa propre étiquette, Fogarty’s Cove Music. En 1978, il lance son deuxième disque, Turnaround. L’album contient la piste « Song of the Candle », qui demeure l’une des préférées de Mme Rogers. « C’est la première chanson que je l’ai entendu chanter, et je l’ai toujours adorée, explique-t-elle, en partie parce qu’elle incarne son expérience en tant que jeune homme et ses frustrations à l’égard du processus d’écriture, de la vie et des nombreuses exigences de son travail. »
Alors qu’il gagne plus de popularité, Stan Rogers meurt tragiquement le 2 juin 1983, à l’âge de 33 ans, dans l’incendie d’un avion. Comparé aux grands Bob Dylan et Woody Guthrie, il laisse un héritage d’albums soigneusement réalisés, dont la plupart paraissent à titre posthume, qui gardent sa musique bien vivante depuis près de 40 ans.
On a rendu d’autres hommages au grand chansonnier barbu depuis son décès, notamment en créant le Stan Rogers Folk Festival en 1997 dans la ville où sa mère a grandi, Canso, en Nouvelle-Écosse. Annulé en 2020 et 2021 en raison de la pandémie, le festival attire des milliers de spectateurs et de musiciens populaires du monde entier chaque année. La 25e édition devait se tenir en juillet, mois d’émission du timbre de Postes Canada commémorant le célèbre artiste folk.
« Ce timbre est un grand honneur, et je pense que Stan serait vraiment flatté de le voir, mais surtout, il serait content de constater que sa musique est toujours aimée, reconnue et populaire auprès de générations de nouveaux admirateurs, explique Mme Rogers. Il a eu une grande influence sur notre identité canadienne pendant le peu de temps qu’il a passé parmi nous. »
Un timbre célèbre Stan Rogers
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