Le 22 avril 2022, Postes Canada émettra un nouveau timbre commémoratif en l’honneur de la légendaire Salome Bey. Les admirateurs de la célèbre chanteuse la connaissent comme la première dame du blues au Canada, mais ses exploits vont bien au-delà de ce titre.
Ses débuts
Née en 1933 à Newark, au New Jersey, Salome Bey a l’intention de devenir avocate. Mais après avoir passé du temps à étudier le droit à l’Université Rutgers, elle décide plutôt de consacrer sa vie à la scène, pour toucher plus de gens et de façon plus significative.
Dans les années 1950, elle débute sa carrière musicale en partant en tournée en Amérique du Nord et en Europe avec son frère et sa sœur. Ensemble, ils forment le trio Andy Bey and the Bey Sisters. Au début des années 1960, après avoir rencontré à Toronto Howard Matthews, son futur mari, elle s’installe au Canada et poursuit sa carrière en solo.
Ils deviennent des leaders de la communauté artistique noire, accueillant dans leur foyer, où la musique est omniprésente, des artistes de la région ou en tournée. C’est ici, au Canada, que Salome Bey s’épanouit sur le plan créatif. Elle commence à écrire des chansons, à se dépasser et à évoluer constamment en tant qu’artiste.
Écrivaine, productrice, réalisatrice et mentor
Salome Bey commence à apparaître dans des comédies musicales, comme la pièce off-Broadway Love Me, Love My Children (Justine au Canada), pour laquelle elle reçoit un Obie Award en 1972. Elle se produit aussi à Broadway dans Your Arms Too Short to Box with God (gagnante d’un Tony Award), qui lui permet de décrocher, avec d’autres artistes de la distribution originale, une nomination pour un prix Grammy pour l’enregistrement musical.
Parmi ses nombreuses réalisations, elle écrit la pièce Indigo, qui célèbre l’histoire de la musique noire, en plus d’y tenir la vedette. Sous les projecteurs de 1978 à 1980, le spectacle à guichets fermés connaît un succès retentissant. Il remporte deux prix Dora Mavor Moore avant d’être diffusé sur les ondes de CBC en 1984. Avec sa distribution entièrement composée de Noirs, Indigo répond au désir de Salome Bey de faire une plus grande place aux artistes de la communauté noire.
« J’ai fini par chanter sur plusieurs morceaux dans Indigo et je sentais qu’elle aimait vraiment ce que je faisais. Elle m’a donné l’impression d’être exceptionnel et que j’avais le talent et la capacité nécessaires à la tâche, affirme Billy Newton-Davis, quatre fois lauréat du prix Juno. Elle m’a donné confiance en moi. »
Après Indigo, Salome Bey écrit d’autres pièces de théâtre. Elle joue dans Shimmytime (1983), l’une de ses créations, qui présente le récit de la chanteuse et actrice américaine Ethel Waters. Ensuite, elle écrit et dirige Madame Gertrude (1985) au sujet de Ma Rainey, la légende du blues.
Sa très populaire comédie musicale Rainboworld est présentée au Young People’s Theatre en 1988. Plus de 40 enfants font partie de la distribution diversifiée. Beaucoup d’entre eux se retrouvent sur scène pour la première fois, et Salome Bey se dévoue à son rôle de mentor. Plusieurs de ces jeunes finissent par devenir eux-mêmes des artistes à succès.
« Je me souviens d’avoir été captivée par cette femme qui était si bien dans sa peau, si confortable d’être Noire, raconte la chanteuse torontoise Divine Brown, qui, dans sa jeunesse, faisait partie de la troupe Rainboworld. En tant que jeune chanteuse et actrice en herbe qui voulait simplement être sur la scène, j’ai reçu espoir et confiance de la part de Salome… Elle avait tellement à offrir. »
Tout au long de sa carrière, Salome Bey continue de chanter pour le public. Du blues au jazz en passant par la musique pop, elle chante dans des festivals et des concerts, dans des clubs, à la télévision et à la radio. Elle sort aussi plusieurs albums solos et enregistre de la musique avec le pianiste de jazz Horace Silver et avec le compositeur et pianiste Galt MacDermot. Plus tard, elle se produit avec ses filles, TUkU et SATE, et d’autres musiciens. Leur groupe porte le nom de Salome Bey and the Relatives.
Reconnaissance et philanthropie
Toujours prête à contribuer à des initiatives caritatives, Salome Bey participe à l’enregistrement du simple Tears Are Not Enough en appui à la lutte contre la famine en Éthiopie en 1985, et devient membre d’Artists Against Racism. En 1986, elle contribue au Toronto Arts Against Apartheid Festival à titre d’organisatrice et d’auteure-compositrice clé. L’événement, auquel assiste l’évêque Desmond Tutu, est une façon de protester contre l’apartheid en Afrique du Sud et de recueillir des fonds pour des organismes de bienfaisance de Toronto.
Au cours de sa carrière, Salome Bey reçoit plusieurs prix et distinctions, dont un Toronto Arts Award (1992), un Dr. Martin Luther King Jr. Achievement Award du Black Theatre Workshop de Montréal (1996) et la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II (2012). En 2005, elle devient membre honoraire de l’Ordre du Canada et en 2021, elle est intronisée à l’Allée des célébrités canadiennes.
Salome Bey décède le 8 août 2020 à Toronto.
Postes Canada célèbre l’incomparable Salome Bey
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