Un timbre souligne l’héritage cinématographique du réalisateur canadien Norman Jewison

24 juillet 2024
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Dans l’histoire du cinéma, rares sont les cinéastes qui ont eu une carrière aussi extraordinaire que celle de Norman Jewison (1926-2024).

Le talentueux et créatif réalisateur canadien a offert au public une foule de succès hollywoodiens et de nombreux moments emblématiques au grand écran : la célèbre réplique « Ils disent courtoisement monsieur Tibbs! » lancée par Virgil Tibbs, un détective noir en visite dans le sud des États-Unis incarné par Sidney Poitier, au personnage raciste campé par Rod Steiger dans le film Dans la chaleur de la nuit (1967); le patriarche juif Tevye qui chante les vertus des traditions avant que sa communauté soit contrainte de fuir pour sa survie dans Un violon sur le toit (1971); la gifle que donne Cher à Nicolas Cage en y allant d’un « Désamourache-toi! » après qu’il lui ait déclaré son amour dans Éclair de lune (1987); le plaidoyer déchirant « Je n’ai commis aucun crime. C’est contre moi qu’on a commis un crime cette fois » de Denzel Washington dans Hurricane Carter (1999), qui raconte l’histoire touchante du boxeur Rubin Carter, injustement condamné.

Et c’est loin d’être tout.

Ces moments gravés dans l’esprit des cinéphiles de partout dans le monde témoignent de l’impression durable laissée par Norman Jewison et son œuvre sur son public. Récipiendaire de nombreux honneurs, y compris des nominations aux Academy Awards et aux Golden Globes, et une étoile sur le Walk of Fame de Hollywood, le cinéaste éclectique est également fait officier et compagnon de l’Ordre du Canada.

Postes Canada est fière d’honorer la carrière et l’héritage de Norman Jewison en lui consacrant un timbre commémoratif. La photo qui orne la vignette a été prise en 2007 au Canadian Film Centre par le photographe Peter Bregg. Elle a été sélectionnée par le cinéaste lui-même, qui a participé à la création du timbre avant son décès plus tôt cette année.

Norman Jewison, qui grandit dans l’est de Toronto, se passionne pour les timbres dès l’enfance (son préféré était le Bluenose de 1929) et est même assermenté par le maître de poste pour pouvoir travailler au comptoir postal du magasin général de son père à l’adolescence.

À cette époque, il est aussi un grand amateur du septième art ayant un don inné pour décrire les personnages, les scènes et les intrigues. Il convainc les enfants de son quartier de le payer pour qu’il puisse aller voir les nouveaux films au cinéma et leur raconter en détail. Ces débuts de conteur le mènent éventuellement à une carrière professionnelle, qu’il amorce à la télévision en 1951 à titre de réalisateur pour la CBC.

Il accède à la renommée en 1962 lorsqu’il réalise son premier long métrage, la comédie Des ennuis à la pelle mettant en vedette Tony Curtis. Sa réputation grandissante lui donne l’occasion de diriger certaines des plus grandes vedettes des années 1960, dont Steve McQueen et Doris Day.

Ses films, qui mélangent avec brio style et substance, abordent souvent des questions sociales importantes, comme les préjugés raciaux et les injustices du système judiciaire. Tout au long de sa carrière, il met en lumière les expériences des communautés marginalisées. Son film Dans la chaleur de la nuit (1967) porte sur l’histoire de policiers racistes d’une petite ville du Mississippi et de Virgil Tibbs, un détective noir accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Raconté sur fond d’agitation civile croissante aux États-Unis, il remporte cinq Oscars, y compris dans la catégorie du meilleur film, et vaut à Norman Jewison sa première nomination à titre de meilleur réalisateur.

Sa production suivante, Un violon sur le toit, devient la référence par excellence des comédies musicales. Norman Jewison réinvente par la suite complètement le genre en réalisant Jesus Christ Superstar, qui fait le récit des dernières semaines du Christ. Le cinéaste explore plus tard la lutte pour la justice avec Justice pour tous; les hauts et les bas d’une famille italo-américaine avec Éclair de lune; et la condamnation injustifiée du boxeur Rubin « Hurricane » Carter. Il réalise également d’autres classiques tels que Le Kid de Cincinnati, L’affaire Thomas Crown et Rollerball. Peu importe les sujets qu’il aborde, il le fait de main de maître avec tout l’aplomb qui lui est connu.

À la cérémonie des Oscars en 1999, Norman Jewison reçoit le prix Irving G. Thalberg Award pour l’ensemble de son œuvre. Devant un public international, il adresse une partie de son discours de remerciement à la nouvelle génération de cinéastes : « Mon conseil aux jeunes cinéastes : trouvez simplement de bonnes histoires. Les films les plus rentables ne sont pas nécessairement les meilleurs. Racontez des histoires qui nous font rire et pleurer, et qui dévoilent un peu qui nous sommes. »

Au pays, l’apport le plus précieux de Norman Jewison va au-delà des salles de cinéma. En 1988, il fonde le Canadian Film Centre à Toronto. Au cours des années qui suivent, le centre s’avère un lieu de formation exceptionnel pour les cinéastes d’ici et continue de jouer un rôle essentiel dans l’épanouissement des talents canadiens.

Après Donald Sutherland, Mary Pickford, Christopher Plummer et Denys Arcand, Norman Jewison est la plus récente icône du cinéma mise à l’honneur sur un timbre de Postes Canada. Il est décédé plus tôt cette année à l’âge de 97 ans.

Un timbre souligne l’héritage de Norman Jewison

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