Un timbre rend hommage à Denys Arcand, l’un des cinéastes canadiens les plus célébrés internationalement

27 juin 2023
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Primé en 2004, son film Les invasions barbares devient le premier film canadien à remporter l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.

Scénariste, réalisateur et acteur, Denys Arcand marque le paysage culturel québécois depuis plus de 60 ans. Observateur attentif de la société qui l’entoure, il a écrit ou réalisé à ce jour plus d’une vingtaine de films, productions télévisuelles et documentaires. Son talent et sa dramaturgie lui ont valu des dizaines de prix et d’hommages. Les thèmes du nationalisme québécois, du syndicalisme, de la corruption, du déclin et de la décadence sont omniprésents dans son œuvre.

Né le 25 juin 1941, Denys Arcand grandit à Deschambault (Québec) au sein d’une famille baignée dans la musique. Le célèbre ténor Raoul Jobin, grand ami de son père, séjourne souvent à la maison familiale où le petit Denys l’écoute chanter. Le futur cinéaste se plaît aussi à écouter, avec son père, les radiodiffusions du Metropolitan Opera à Radio-Canada les samedis après-midi.

Élève doué, le jeune Denys Arcand complète sa 6e année à l’âge de 10 ans et entame son cours classique au Collège Sainte-Marie de Montréal, établissement réputé dirigé par les Jésuites. Il s’inscrit ensuite à l’Université de Montréal où il obtient son diplôme en 1962.

Ce passage universitaire est marquant pour Arcand. Il suit les cours de Michel Brunet et Maurice Séguin, deux historiens dont la pensée l’influenceront fortement. C’est d’ailleurs à l’Université de Montréal qu’il tourne son premier film, Seul ou avec d’autres (1962), un documentaire réalisé en collaboration avec Denis Héroux et Stéphane Venne. Le film représenta le Canada à la Semaine de la critique du Festival de Cannes en 1963.

Du documentaire à la fiction

L’œuvre de Denys Arcand est un miroir de la transformation du cinéma québécois. D’abord consacré à des documentaires critiques, son travail migre tranquillement vers un cinéma de fiction qui reste profondément ancré dans la réalité socioculturelle du Québec. Son travail cinématographique est caractérisé par une attention minutieuse aux dialogues, une satire sociale cinglante et une profonde réflexion sur les questions de l’identité, de la politique et de la culture québécoises.

Denys Arcand sur le plateau de tournage du film Les invasions barbares en 2003, © Miramax/gracieuseté de l’Everett Collection

Son premier long métrage de fiction, La maudite galette (1972), est salué par la critique, mais c’est avec son film Réjeanne Padovani (1973) qu’il connaît un premier succès grand public. Les deux productions sont d’ailleurs présentées à Cannes, respectivement à la Semaine de la Critique et à la Quinzaine des Réalisateurs, et reçoivent un accueil très favorable.

C’est toutefois avec le film Le déclin de l’empire américain (1986) qu’Arcand connaît un premier grand succès international. Le long métrage remporte le Prix FIPRESCI de la critique internationale au Festival de Cannes et est nommé dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère aux Oscars, une première dans l’histoire du cinéma québécois et canadien. Ce succès est suivi par Jésus de Montréal (1989), un film qui jette un regard moderne sur les principaux événements de la vie du Christ. Nommé lui aussi aux Oscars, le long métrage remporte le Prix du jury à Cannes.

Photographie : © Bertrand Carrière

Le cinéaste continue d’explorer des thèmes sociaux, notamment dans son premier long métrage en anglais, Love and human remains (De l’amour et des restes humains, 1993) et dans Joyeux calvaire (1996). En 2000, il coscénarise et réalise Stardom, un film qui dépeint l’obsession pour la célébrité. Premier long métrage canadien présenté en clôture du Festival de Cannes, ce dernier remporte un prix de la Writer’s Guild of Canada.

La consécration suprême arrive avec Les invasions barbares (2003), un film présenté comme la suite de son grand succès Le déclin de l’empire américain. Le long métrage remporte l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, trois César (meilleur film, meilleure réalisation et meilleur scénario original ou adaptation), le Prix du scénario au Festival de Cannes, cinq prix Génie, six prix Iris (anciennement connus sous le nom de prix Jutra), et plus de 25 autres prix à l’échelle nationale et internationale.

Denys Arcand, gagnant du meilleur film en langue étrangère (Canada) de l’année pour Les invasions barbares, se fait photographier dans la salle de presse lors de la 76e cérémonie des Oscars au Kodak Theater, Los Angeles, CA. Photo de Hahn-Khayat-Nebinger/ABACA.

Denys Arcand continue de réaliser des films acclamés, notamment L’Âge des ténèbres (2007), Le règne de la beauté (2014) et La chute de l’empire américain (2018).

Commandeur de l’ordre de Montréal (2016), Compagnon des arts et des lettres du Québec (2015), grand officier de l’Ordre national du Québec (2015) et Compagnon de l’Ordre du Canada (2004), Denys Arcand a marqué l’histoire du cinéma québécois et canadien.

Un timbre rend hommage à Denys Arcand, l’un des cinéastes canadiens les plus célébrés internationalement

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