Conçu il y a près de 700 ans dans l’Iran médiéval, l’élégant bol en céramique peint à la main qui figure sur le timbre consacré à l’Aïd de cette année a été fabriqué durant le ramadan, l’un des mois les plus sacrés du calendrier islamique. Durant cette période, la communauté musulmane au Canada et dans le monde pratique le jeûne, un acte de foi, d’autopurification et de croissance spirituelle.
L’artéfact de la collection du Musée royal de l’Ontario se distingue pour plusieurs raisons, mais surtout pour le poème daté écrit spécialement pour son propriétaire qui y est inscrit. « Beaucoup d’œuvres de cette époque sont anonymes. Ce bol est unique, car nous savons exactement quand et où il a été fabriqué, et ce qu’il signifie, explique Fahmida Suleman, Ph. D., conservatrice des arts et cultures islamiques au musée. Bien qu’il ne soit pas dans sa gloire originale, c’est extraordinaire qu’il soit resté intact. »
Selon Mme Suleman, le bol est intimement lié au jeûne et à la fête de l’Aïd al-Fitr, qui souligne la fin du ramadan. Elle explique qu’au fil des siècles, de nombreux propriétaires s’en sont probablement servi pour manger, possiblement de la soupe et des dattes, et rompre le jeûne chaque soir.
« Plus on le regarde de près, plus on peut voir que beaucoup de soin et de temps ont été consacrés à la confection de ce bol. Il a dû être un objet unique et un investissement considérable pour son propriétaire, en plus d’être fonctionnel, ajoute-t-elle. J’imagine que plusieurs mains et cerveaux ont joué un rôle dans sa fabrication, des potiers qui l’ont conçu au calligraphe qui a inscrit la bénédiction. »
La pièce s’est aussi bien préservée, car elle est faite de pâte de pierre, un matériau dur inventé par les potiers du Moyen-Orient à partir d’un mélange de quartz moulu, de verre et d’argile – un produit local aussi durable que la porcelaine chinoise hautement convoitée. Peint à la main, le bol est orné au centre d’un dessin géométrique entrelacé de fleurs et entouré, à la façon de rayons, de bandes composées de motifs bleu cobalt, turquoise, violet foncé et noirs. Le poème, qui rime en persan, se traduit ainsi en français :
Ô Maître! Puissiez-vous posséder la raison,
la sagesse et l’intelligence
Puissiez-vous oublier les douleurs de ce monde
Lorsque votre faim vous met en appétit
Puissiez-vous savourer ce qu’il y a dans ce bol
Puissent les hauts cieux vous être favorables
Puissiez-vous être à l’abri du mauvais œil
Cela a été écrit durant le mois béni
du ramadan de l’année 729 [Juillet 1329 EC]
« Le message profondément humain sur ce bol est toujours valable aujourd’hui, surtout en cette période tumultueuse, affirme Mme Suleman. Le poème nous invite à prendre un moment pour oublier nos tristesses et faire preuve de reconnaissance pour ce que nous avons, et il nous souhaite la protection et un peu de chance. Le bleu est de bon augure dans l’islam, alors même les couleurs que l’artiste a choisies visaient à élever l’âme. »
Cinquième émission de Postes Canada consacrée à l’Aïd, le timbre comporte également la mention calligraphiée Aïd Moubarak, qui signifie « Vœux d’un Aïd béni » en arabe. Sa date d’émission, le 3 avril, précède l’Aïd al-Fitr et l’Aïd al-Adha, la fête du sacrifice, qui marque la fin du pèlerinage du Hadj à Kaaba, qui se trouve à La Mecque, en Arabie saoudite. Célébrés dans de nombreux pays, y compris par plus d’un million de personnes au Canada, les deux festivals incarnent les pratiques et les valeurs fondamentales de l’islam, comme l’empathie et le sacrifice pour les gens dans le besoin, le sens de la communauté et une plus grande humanité. Cette année, ils commencent à la mi-avril et à la fin juin, respectivement.
« Il peut sembler étrange qu’un artéfact ancien de l’Iran médiéval se retrouve sur un timbre canadien, mais ce ne l’est pas du tout, souligne Mme Suleman. Ce choix reflète à merveille l’essence et la diversité de notre pays. Nous célébrons les cultures de partout dans le monde. »
Un artéfact séculaire du Moyen-Orient est en vedette sur un nouveau timbre consacré à l’Aïd
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