Considéré comme le premier facteur noir au Canada, Albert Jackson a dû franchir de nombreuses barrières pour connaître un succès durable.
Cette année, pour souligner le Mois de l’histoire des Noirs, Postes Canada salue l’un des siens. En 1882, Albert Jackson est devenu le premier facteur noir à Toronto, et probablement au Canada. Pourtant, cet hommage ne lui est pas rendu pour son travail en soi, mais plutôt pour vanter les mérites de l’homme et de sa famille, qui ont su vaincre tant d’obstacles.
« C’est une histoire de courage et de résistance », affirme l’historienne Karolyn Smardz Frost, auteure de I’ve Got a Home in Glory Land: A Lost Tale of the Underground Railroad, qui raconte un pan de l’histoire de la famille Jackson. « En fait, c’est le triomphe malgré les entraves ».
Le parcours d’Albert Jackson commence en 1858, au Delaware, lorsque sa mère, Ann Maria, fuit l’esclavage en passant par le chemin de fer clandestin avec sept de ses enfants. Elle décide de s’échapper après que ses deux fils aînés sont vendus comme esclaves, un événement si affligeant que son mari en serait mort.
Lorsqu’elle apprend que d’autres de ses enfants vont subir le même sort, Ann Maria entreprend ce périlleux voyage pour se réfugier au nord de la frontière. Albert n’est qu’un bambin.
Arrivée à Toronto, elle se trouve un emploi comme blanchisseuse, ce qui lui permet d’élever sa famille et, plus tard, d’envoyer Albert, le benjamin, à l’école.
Après avoir terminé ses études, Albert Jackson pose sa candidature pour devenir facteur, poste que seuls des Canadiens de race blanche ont toujours occupé. Il gagne le concours mais, quand il se présente au travail le premier jour, ses collègues refusent de le former. Il est alors affecté à un poste de niveau inférieur.
Cependant, la communauté noire de Toronto proteste contre cette injustice. Ses membres envoient des lettres aux rédacteurs en chef de plusieurs journaux et portent la cause à l’attention du premier ministre Sir John A. Macdonald.
Comme on est en campagne électorale et que M. Macdonald a besoin du vote des Noirs, le premier ministre décide d’intervenir et insiste pour que M. Jackson puisse occuper le poste pour lequel il a été embauché.
Il reprend son emploi de facteur et travaille au bureau de poste pendant 36 ans, jusqu’à sa mort en 1918. Tout au long de cette période, Albert Jackson saisit d’autres bonnes occasions et réussit à se prévaloir de neuf propriétés à Toronto.
« Quand on parle de l’époque du chemin de fer clandestin, poursuit Mme Frost, je dis toujours que les pertes des États-Unis ont fait la richesse du Canada. On n’a qu’à penser aux gens courageux, travailleurs et accomplis comme Ann Maria Jackson et ses enfants. Ils ont échappé à l’esclavage, sont venus dans notre pays et ont contribué à bâtir ce que sont aujourd’hui nos villes, nos provinces et notre nation. »
Les timbres et produits dérivés sont en vente dans les bureaux de poste et en ligne sur postescanada.ca/histoiredesnoirs.