De nouveaux timbres de Postes Canada célèbrent les requins des eaux canadiennes
Pensez « Canada » et plusieurs images vous viennent à l’esprit. La feuille d’érable et la police montée. Les ours polaires et les icebergs. La musique, le multiculturalisme et les orignaux. Qu’est-ce qui ne figurerait pas sur cette liste, même si elle était plus longue? Les requins. Pourtant, ils devraient s’y trouver.
Les eaux au large de nos côtes regorgent de ces redoutables et fascinants animaux. « Dans l’Est, nous avons 20 espèces de requins », explique Warren Joyce, un technicien en pêches au ministère des Pêches et des Océans, à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse.
Son service veille à la durabilité des pêches et à la santé des populations de requins. C’est un emploi de rêve pour M. Joyce, qui étudie les requins depuis 23 ans. « Je me suis découvert une passion pour ces animaux dès l’âge de cinq ans, explique-t-il. Ils sont très curieux et ils étaient là avant les dinosaures. »
Il reste encore beaucoup à apprendre au sujet des requins, particulièrement les « grands pélagiques » qui errent en haute mer, loin de la côte. M. Joyce travaille avec des pêcheurs commerciaux afin d’approfondir ses connaissances. « Ils attrapent souvent des requins comme prise accessoire, explique-t-il. Nous accompagnons les pêcheurs dans leur bateau et, si les requins sont morts, nous les prenons pour les étudier. S’ils sont vivants, nous les étiquetons afin de découvrir leurs habitudes de migration et leur utilisation de l’habitat. »
Il faut avoir les nerfs solides pour faire ce travail. Lorsque des requins vivants se retrouvent sur le bateau ou à ses côtés, ils sont habituellement en état de panique et s’agitent violemment. « Pour l’étiquetage, particulièrement des petits requins, j’ai appris qu’on peut parfois les calmer en les flattant comme un chien », ajoute M. Joyce.
Les côtes ouest et est du Canada sont des voies migratoires pour de nombreuses espèces de requins qui cherchent à se nourrir et à se reproduire. D’autres espèces s’épanouissent dans les eaux glaciales de l’océan Arctique. Près de 30 espèces de requins sont indigènes ou fréquentent les eaux canadiennes. La plus récente émission de timbres de Postes Canada en présente cinq :
Le requin bleu. Souvent aperçu près de Terre-Neuve, dans la baie de Fundy et dans le golfe du Saint-Laurent, et rôdant aussi le long des côtes de la Colombie-Britannique, de l’Argentine et de l’océan Indien, ce poisson particulier est un véritable globe-trotteur. Élancé, avec un dos indigo, des flancs saphir et un ventre blanc, le requin bleu est l’un des grands requins qu’on retrouve le plus dans les eaux canadiennes. Il est souvent la victime d’une prise accessoire – une capture accidentelle pendant la pêche commerciale. Il est considéré comme étant particulièrement curieux.
Le requin-taupe bleu est une espèce océanique qui préfère les eaux tempérées. Bien qu’on le trouve de l’Argentine au golfe du Mexique, il s’aventure vers le nord jusqu’en Nouvelle-Écosse. Il peut conserver sa chaleur corporelle et maintenir une température interne se situant jusqu’à 10 degrés au-dessus de celle de l’eau. Le requin le plus rapide du monde, cet élégant poisson peut atteindre jusqu’à 50 km/h, habituellement pendant qu’il mange, et peut se projeter jusqu’à six mètres dans les airs. Même lorsque sa mâchoire est fermée, on peut voir ses multiples dents recourbées – une allure particulièrement redoutable.
Le requin-pèlerin glisse dans l’océan la bouche ouverte pour s’alimenter de krill, de plancton et d’œufs de poisson par ses branchies. Il doit filtrer deux mille tonnes d’eau chaque heure pour obtenir toute la nourriture qu’il lui faut. Ce gentil géant, qui peut atteindre près de huit mètres de long, occupe le nord et le sud des océans Atlantique et Pacifique. Pendant l’été, il reste près de la surface, souvent le long des côtes de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick. Durant les mois d’hiver, il se déplace généralement vers les eaux plus chaudes du sud, en quête de nourriture.
Le requin blanc, immortalisé dans le film Les Dents de la mer, est le plus gros poisson prédateur de la planète. Considéré comme une espèce en voie de disparition par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, il est protégé en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Dans le nord-ouest de l’océan Atlantique, on estime que le nombre de requins blancs a diminué considérablement durant les années 70 et 80. Toutefois, les recherches en cours suggèrent que la population se remet lentement à augmenter. Si on l’aperçoit le plus souvent au large de l’Australie, de l’Afrique du Sud, de la Nouvelle-Zélande et dans la Méditerranée, le requin blanc se déplace constamment. Il apparaît aussi près de l’archipel Haida Gwaii à l’automne et au large de la côte est canadienne pendant l’été, sans doute pour se nourrir de phoques et d’autres mammifères marins.
Le requin du Groenland est le seul requin capable de tolérer les conditions extrêmes de l’Arctique et de l’Atlantique Nord, où il vit toute l’année. Une concentration élevée de triméthylamine permet à cet animal connu pour sa lenteur de survivre dans les eaux glaciales – et rend sa chair toxique. Au deuxième rang des plus grands requins carnivores (après le requin blanc), le requin du Groenland se nourrit de poissons, notamment de requins de plus petite taille, mais il peut aussi se contenter des animaux morts qu’il récupère. C’est le vertébré ayant la plus longue espérance de vie : il peut vivre jusqu’à 400 ans.
Warren Joyce est l’un des trois experts avec lesquels Postes Canada a travaillé pour l’élaboration des timbres consacrés aux requins. Les autres sont Danny Kent, conservateur, Propagation, Ocean Wise, au Vancouver Aquarium, et Lee Newman, conservateur, Poissons, Ocean Wise, au Vancouver Aquarium.