Depuis des décennies, les femmes du Québec sont à l’avant-garde de la lutte pour les droits des femmes et des travailleurs et travailleuses, et pour combattre les inégalités sociales et économiques dans leur province. Alors que le mouvement pour les droits des femmes se poursuit, les contributions de trois Canadiennes se démarquent.
La nouvelle émission de timbres souligne la vie et les réalisations de trois Québécoises qui ont consacré leur vie à défendre les droits des femmes et des travailleurs et travailleuses, ainsi que d’autres causes : Léa Roback, Madeleine Parent et Simonne Monet-Chartrand. Leur militantisme a été précurseur de nombreux acquis en matière d’égalité et de justice au pays.
Léa Roback (1903-2000)
Née à Montréal, au Québec, de parents immigrants juifs polonais, la militante syndicale Léa Roback consacre sa vie aux droits des femmes. À l’adolescence, elle occupe son premier emploi à la British American Dyeworks, une entreprise de nettoyage et de teinture de Montréal, où elle ne gagne que 8 $ pour une semaine de 50 heures. Elle prend alors conscience des inégalités sociales et des conditions difficiles auxquelles sont soumis les travailleurs et travailleuses.
Après avoir déménagé à Berlin, Léa Roback adhère au Parti communiste, qu’elle voit comme un rempart contre le fascisme. De retour au Canada, elle devient gérante de la librairie marxiste Modern Book Shop, la première du genre à Montréal. Elle se bat pour le droit de vote des femmes au Québec afin qu’elles puissent se rendre aux urnes aux élections provinciales de 1940.
S’exprimant en français, en anglais et en yiddish, elle communique aisément avec les travailleuses et mobilise, avec d’autres dirigeantes de l’International Ladies’ Garment Workers Union, quelque 5 000 ouvrières de l’industrie du textile pour faire la grève en 1937. Au bout de trois semaines, les travailleuses obtiennent une convention collective qui améliore leurs salaires et leurs conditions de travail.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Léa Roback travaille à la chaîne de montage de l’usine RCA Victor de Saint-Henri, à Montréal. Elle y aide les 4 000 ouvriers – dont près de la moitié sont des femmes – à obtenir leur première convention collective. Militante dans l’âme, elle proteste contre la guerre du Vietnam et lutte en faveur de l’équité salariale, du droit à l’avortement et de l’accès à la contraception. En 1985, elle devient membre honoraire de l’Institut canadien de recherches sur les femmes.
« C’était une militante optimiste, raconte Lorraine Pagé, présidente de la Fondation Léa-Roback. Elle voyait, oui, les difficultés et les obstacles, mais avec une confiance inébranlable dans le fait que la solidarité peut nous faire avancer. »
Madeleine Parent (1918-2012)
Née à Montréal, Madeleine Parent prend conscience des classes sociales lorsqu’elle est pensionnaire au couvent Villa Maria. Plus tard étudiante à l’Université McGill, elle milite pour que les enfants des familles défavorisées puissent obtenir des bourses d’études. Elle y fait également la rencontre de Léa Roback, qui l’encourage à s’impliquer dans l’organisation syndicale, et devient sa mentore et une grande amie.
En 1942, le futur mari de Madeleine Parent, Kent Rowley, la recrute pour qu’elle participe à l’organisation de la syndicalisation de 6 000 travailleurs et travailleuses de la Dominion Textile sous la bannière des Ouvriers unis des textiles d’Amérique au Québec. Au milieu des années 1940, ils dirigent des grèves à Montréal, à Salaberry-de-Valleyfield et à Lachute, au Québec. Après que le premier ministre Maurice Duplessis déclare la grève de Lachute illégale, Madeleine Parent est accusée de communisme et de conspiration séditieuse. D’abord trouvée coupable, elle est acquittée sur un point de droit.
Malgré les embuches, Madeleine Parent et Kent Rowley créent le Syndicat canadien des travailleurs du textile et de la chimie en 1952 et la Confédération des syndicats canadiens en 1969. Par la suite, Madeleine Parent continue de militer pour l’équité salariale et devient membre fondatrice du Comité canadien d’action sur le statut de la femme, où elle représente le Québec huit années durant. Elle se porte également à la défense des droits des femmes autochtones, notamment en appuyant Mary Two-Axe Earley et Mary Pitawanakwat et leur lutte contre la discrimination.
« Madeleine a affronté les trois pouvoirs : le pouvoir économique, le pouvoir politique et le pouvoir du clergé. Et elle a été mise au ban, littéralement, souligne Monique Simard, une amie de longue date. C’était une syndicaliste, mais aussi une féministe déclarée bien avant que cela devienne le mouvement qu’on a connu. »
Simonne Monet-Chartrand (1919-1993)
Née à Montréal, Simonne Monet-Chartrand se lance dans le militantisme dans les années 1930, lorsqu’elle adhère à la Jeunesse étudiante catholique et devient présidente de la branche féminine de l’organisation. Fervente chrétienne, ses efforts en vue de moderniser l’institution de l’Église sous-tendent son engagement envers la justice sociale.
Dans les années 1950 et 1960, elle est rédactrice, recherchiste et commentatrice à Radio-Canada, notamment pour les émissions Fémina et Femme d’aujourd’hui. Elle participe également à la fondation du mouvement pacifiste La Voix des femmes durant les années 1960. En 1963, elle se joint à une délégation de la Voix des femmes au Congrès mondial des femmes de la Fédération démocratique internationale des femmes, à Moscou, où il est question de paix, de désarmement, d’unité et de droits des femmes. Puis, elle cofonde la Fédération des femmes du Québec (FFQ) en 1966.
Auteure prolifique, Simonne Monet-Chartrand publie plusieurs livres sur les femmes du Québec et écrit les quatre tomes de son autobiographie Ma vie comme rivière. Elle reçoit en 1992 le Prix Idola-Saint-Jean de la FFQ pour sa contribution à un demi-siècle de changement et de progrès pour les femmes.
« Son père était juge, et très tôt dans sa vie, avant qu’elle soit adolescente, il lui disait toujours : “Tu es aussi intelligente qu’un homme. Pense à ça. Fais en sorte d’être valorisée en tant que femme. Tu es une fille brillante”, raconte Alain Chartrand, l’un de ses sept enfants. Cela lui a donné une énorme confiance en elle. Elle n’a jamais eu peur des autorités, ni religieuses, ni policières. »
Des timbres célèbrent trois féministes québécoises qui ont lutté pour la justice sociale
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