De nouveaux timbres célèbrent la légendaire Reine de l’Atlantique Nord
Jusque-là invaincu dans toutes les séries de courses de l’International Fishermen’s Trophy, le Bluenose est surnommé la Reine de l’Atlantique Nord par le Toronto Daily Star en octobre 1931. À sa barre, le capitaine Angus J. Walters est décrit par le quotidien comme « le skipper le plus célèbre de toute la côte de l’Atlantique Nord ».
Dès lors, le Bluenose acquiert une renommée internationale. En 1933, alors que la goélette de pêche et de course remonte le fleuve Saint-Laurent à destination de Chicago pour l’exposition universelle – en faisant des arrêts à Toronto et à Montréal – le Toronto Evening Telegram écrit : « Tout le monde connaît son nom. Elle a uni le Canada. »
Le petit groupe de Néo-Écossais qui s’était donné comme objectif de construire un bateau de pêche et de course plus rapide au début des années 1920 a créé un navire qui a fasciné le monde par ses prouesses dans les années 1920 et 1930. Leur goélette, originaire de Lunenburg, en Nouvelle-Écosse, deviendrait un emblème d’ingéniosité et de savoir-faire canadiens sur la scène internationale, et un symbole de fierté pour les gens du pays.
Mis à la mer il y a un siècle, le Bluenose naît d’une rivalité entre les communautés de pêcheurs de Lunenburg et de Gloucester, au Massachusetts. Cet esprit de compétition mène, en 1920, à la création de la série de courses de l’International Fishermen’s Trophy, qui est réservée aux navires ayant à leur actif au moins une saison de pêche commerciale en haute mer sur les Grands Bancs.
À leur grand désarroi, les Canadiens se font damer le pion par leurs concurrents du Massachusetts à la première édition. Après leur défaite, un groupe de Néo-Écossais décide de faire construire un navire plus rapide pour défier les Américains. L’architecte naval autodidacte William J. Roué de Dartmouth se lance alors dans la conception de la nouvelle goélette.
Il travaille tout l’automne 1920 pour perfectionner son chef-d’œuvre. Fabriqué à partir de chêne, de pin, de bouleau et d’épinette de la Nouvelle-Écosse, et doté d’imposants mâts en sapin de Douglas, le Bluenose prend forme durant l’hiver dans le chantier naval Smith & Rhuland à Lunenburg. Son nom s’inspire fièrement du surnom donné aux Néo-Écossais depuis la fin du XVIIIe siècle. Le navire est mis à l’eau depuis le chantier devant des centaines de spectateurs le 26 mars 1921.
Après la première saison de pêche du Bluenose sur les Grands Bancs en 1921, l’équipage met le cap sur la compétition de l’International Fishermen’s Trophy à l’automne. Commandée par le capitaine Walters, la goélette remporte avec brio son premier trophée et au cours des 17 années suivantes, elle reste invaincue quatre fois de suite lors de la série de courses, soit en 1922, en 1923, en 1931 et en 1938.
« C’est le genre de chose qui n’arrive qu’une fois dans une vie. C’est pour cette raison qu’il est important de célébrer le centenaire du Bluenose, souligne Joan Roué, l’arrière-petite-fille de l’architecte de la célèbre goélette. Je suis très fière de mon arrière-grand-père, mais je sais que tous ces exploits sont le fruit d’un travail d’équipe. Le navire doit aussi ce qu’il était à Angus Walters, le meilleur capitaine de l’époque, à l’équipage et aux constructeurs. »
Le Bluenose est reconnu à l’échelle internationale comme la goélette de pêche la plus rapide de l’Atlantique Nord. Postes Canada émet un timbre en son honneur en 1929. Encore aujourd’hui, des générations de collectionneurs considèrent cette vignette aux détails traditionnels gravés à la main comme l’une des plus belles jamais produites.
À ses débuts, le Bluenose ramène certaines des plus grandes prises de poissons de Lunenburg; il établit un record de 213 tonnes en 1923. Puis pendant la Grande Dépression, sa réputation l’amène à être utilisé pour des croisières et des excursions. En 1935, il traverse l’Atlantique jusqu’en Angleterre pour représenter le Canada lors du jubilé d’argent du roi George V.
Navire le plus célèbre du pays, le Bluenose, continue d’occuper une place importante dans la culture canadienne. Il est immortalisé en chanson par la légende de la musique folk Stan Rogers, figure sur la plaque d’immatriculation actuelle de la Nouvelle-Écosse et orne presque toutes les pièces de 10 cents du pays depuis 1937. Une reproduction, le Bluenose II, est construite en 1963.
Le Bluenose connaît un sort semblable à celui d’autres goélettes néo-écossaises d’antan. En 1942, la West Indian Trading Company en fait l’acquisition pour le transport de fret entre les Caraïbes et les États Unis. On dit que le capitaine Walters se tient au bord de l’eau et pleure quand le navire quitte le port de Lunenburg pour la dernière fois. La goélette heurte un récif et coule au large des côtes d’Haïti en 1946.
Postes Canada souligne le centenaire de la mise à la mer du Bluenose
En vente maintenant