« On nous a dit avec sérieux que l’art canadien ne pourrait jamais exister, car nous n’avions pas de tradition artistique. »
– Lawren S. Harris
« Les sept artistes dont les photos sont exposées ici […] sont tous imprégnés de l’idée que l’art doit croître et fleurir dans le pays avant que ce pays ne devienne une vraie terre pour son peuple. »
– Catalogue de l’exposition, mai 1920
Le 7 mai 2020, Postes Canada a émis sept timbres pour souligner le centenaire de la première exposition du Groupe des Sept. Chacun met en vedette un tableau de l’un des membres originaux.
Avant la formation du Groupe des Sept, les peintres canadiens empruntaient beaucoup à l’approche ornementale idéalisée en Grande-Bretagne et en Europe. Fortement influencés par leur collègue Tom Thomson, l’art paysagiste scandinave contemporain, le postimpressionnisme et l’Art nouveau, les membres du Groupe des Sept ont apporté une esthétique rafraîchissante et visionnaire au monde de l’art.
Avant de former un groupe, les sept artistes (Franklin Carmichael, Lawren S. Harris, A.Y. Jackson, Frank H. Johnston, Arthur Lismer, J.E.H. MacDonald et F.H. Varley) se soutiennent déjà mutuellement dans leur travail depuis des années. Il leur arrive souvent de peindre ensemble ou se retrouver pour discuter au Arts and Letters Club de Toronto. À l’époque, seul Lawren S. Harris a les moyens de peindre à temps plein. Les autres travaillent le jour, principalement comme graphistes pour la légendaire firme de design graphique Grip Ltd. Désireux de créer une tradition artistique typiquement canadienne, Lawren S. Harris contribue financièrement à la construction d’un studio et aux voyages de peinture du Groupe. L’œuvre qui en découle – principalement des paysages – change la façon dont le Canada est jusque-là perçu au pays et à l’étranger, et influence des générations d’artistes.
« Les sept artistes insistaient sur le fait que le paysage canadien était unique et qu’il ne pouvait pas être interprété d’un point de vue européen ou anglais. Il fallait créer un nouveau langage visuel, aux couleurs vives et aux traits audacieux, pour interpréter les nouveaux sujets que représentaient alors les régions nordiques du Canada. »
– Charles C. Hill, auteur du livre Le Groupe des Sept : Art pour la nation et ancien conservateur de l’art canadien au Musée des beaux-arts du Canada
En mai 1920, la première exposition du Groupe des Sept à l’Art Gallery of Toronto (aujourd’hui le Musée des beaux-arts de l’Ontario) attire plus de 2 000 personnes en 20 jours. Un critique salue le « travail d’hommes qui avaient pour mission de rendre le caractère distinctif du paysage canadien ».
Le Groupe ne vend alors que cinq tableaux : deux à un acheteur privé (deux œuvres de Franklin Carmichael) et trois au Musée des beaux-arts du Canada (Night, Georgian Bay d’A.Y. Jackson, Fire-Swept, Algoma de Frank H. Johnston et Shacks de Lawren S. Harris). Il parvient néanmoins à attirer l’inestimable attention de la galerie, qui organise par la suite des tournées pour les œuvres du Groupe, œuvres qu’elle inclura plus tard dans ses programmes de reproduction. Le Groupe des Sept gagne en popularité après sa première exposition; en 1924, il est invité à participer à la British Empire Exhibition, où son travail reçoit des critiques positives dans la presse anglaise.
En 1921, un an après cette première exposition, Frank H. Johnston part enseigner à Winnipeg. Il finit par mettre un terme à son association avec le Groupe en 1924. Au cours des années qui suivent, le Groupe passe à neuf membres avec l’arrivée de l’artiste torontois A.J. Casson en 1926, du Montréalais Edwin Holgate en 1930 et de L.L. FitzGerald, de Winnipeg, en 1932.
Le Groupe des Sept tient sa dernière exposition en 1931 (encore une fois à l’Art Gallery of Toronto), avec la participation de 25 artistes invités. J.E.H. MacDonald meurt l’année suivante et le Groupe est officiellement dissous en 1933.
Il laisse alors derrière lui un héritage considérable. En seulement 13 ans, le Groupe des Sept donne non seulement ses lettres de noblesse à l’art canadien, mais trace aussi la voie à de nouvelles tendances. Aujourd’hui passée à la postérité, son œuvre est indissociable de l’art paysagiste canadien.
Timbres :
In the Nickel Belt (1928), Franklin Carmichael, Collection Firestone d’art canadien, Galerie d’art d’Ottawa. Don de la Fondation du patrimoine ontarien à la Ville d’Ottawa; photo : Justin Wonnacott.
Miners’ Houses, Glace Bay (vers 1925), Lawren S. Harris, Musée des beaux-arts de l’Ontario; legs de Charles S. Band, Toronto, 69/122; © Famille de Lawren S. Harris.
Labrador Coast (1930), A.Y. Jackson, Hart House Collection, Fonds commémoratif Harold et Murray Wrong, 1941; Art Museum at the University of Toronto; © Succession d’A.Y. Jackson | SOCAN (2020); photo : Toni Hafkenscheid.
Fire-swept, Algoma (1920), Frank H. Johnston, Musée des beaux-arts du Canada.
Quebec Village (1926), Arthur Lismer, Agnes Etherington Art Centre, Université Queen’s; don de H.S. Southam 1949; photo : Bernard Clark.
Church by the Sea (1924), J.E.H. MacDonald, Vancouver Art Gallery; don de H. Mortimer-Lamb; photo : Rachel Topham, Vancouver Art Gallery.
Stormy Weather, Georgian Bay (1921), F.H. Varley, Musée des beaux-arts du Canada.
Timbres en l’honneur du Groupe des Sept 1920-2020
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