Une émission de timbres souligne la contribution de cinq piliers de la littérature franco-canadienne

27 novembre 2024
4 minutes de lecture

Au Canada, la littérature francophone n’est ni monolithique ni l’œuvre d’une seule région. Présente à travers le pays, elle vit, respire et met au grand jour la belle diversité des communautés francophones canadiennes et des gens qui y vivent.

De Vancouver à Bouctouche, de Sudbury à Montréal en passant parfois par Miami, Cape Cod ou Paris, cinq plumes canadiennes exceptionnelles ont marqué notre imaginaire collectif : Marie-Claire Blais, Jean Marc Dalpé, Dany Laferrière, Antonine Maillet et Marguerite-A. Primeau.

À travers leurs incontournables romans, recueils de poésie, pièces de théâtre et essais, c’est toute la richesse d’un Canada francophone qui est dépeinte. Une littérature francophone d’ici, qui met de l’avant le vrai monde, des gens issus du milieu ouvrier, des femmes résilientes et des exilés obligés. Des œuvres uniques qui explorent des thèmes toujours d’actualité comme la nordicité, la construction identitaire ou l’immigration.

Par cette émission de timbres, Postes Canada est fière de souligner l’exceptionnelle contribution de ces cinq autrices et auteurs qui, par leur perspective unique, ont enrichi – et enrichissent encore – notre littérature francophone nationale.

Marie-Claire Blais

Née et élevée dans le quartier ouvrier de Limoilou, à Québec, Marie-Claire Blais (1939-2021) n’a pas encore 20 ans lorsqu’elle écrit son premier roman, La belle bête (1959), qui par son langage cru, nouveau pour l’époque au Québec, devient immédiatement un classique de la littérature québécoise. C’est avec Une saison dans la vie d’Emmanuel (1965), qu’elle fait sa marque. Le roman est traduit dans plus d’une dizaine de langues et plus de 2 000 livres, thèses, articles, critiques et entrevues en traiteront. Il remporte le prix Médicis en France, une première pour le Canada.

Reconnus pour leur lyrisme et leur complexité, ses romans, ses pièces de théâtre, ses scénarios et ses poèmes reflètent un monde dur, mais aussi la tendresse et la compassion humaine. De nombreuses distinctions seront décernées à l’autrice durant sa prolifique carrière, dont quatre Prix littéraires du Gouverneur général.

Jean Marc Dalpé

Jean Marc Dalpé naît en 1957 à Ottawa, en Ontario. Dramaturge, comédien, poète, romancier et traducteur, il est l’une des figures marquantes du mouvement d’affirmation culturelle ontarois. Il cofonde en 1979 le Théâtre de la Vieille 17, qui se consacre au développement d’un théâtre de création ontarien en français. Il s’établit ensuite à Sudbury pour y travailler avec le Théâtre du Nouvel-Ontario, puis à Montréal en 1989, où il enseigne à l’École nationale de théâtre du Canada.

Son écriture explore le thème de l’aliénation des peuples minoritaires. Ses pièces Hawkesbury Blues (1982) et 1932, la ville du nickel : Une histoire d’amour sur fond de mines (1984) s’inspirent de l’histoire de la classe ouvrière franco-ontarienne. Il est lauréat de trois Prix littéraires du Gouverneur général, dont un pour son roman Un vent se lève qui éparpille (1999).

 

Dany Laferrière

Dany Laferrière est né en 1953 à Port-au-Prince, en Haïti. Élevé par sa grand-mère à Petit-Goâve, il s’exile à Montréal en 1976 pour fuir la dictature. Après son arrivée, il se procure sa fameuse machine à écrire Remington et se met à écrire après de longues journées à l’usine. En novembre 1985, Dany publie son premier roman, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, qui connaît un succès retentissant dans plusieurs pays, notamment dans le monde anglophone, où l’auteur est comparé à Charles Bukowski et à Henry Miller.

Sa manière unique de traiter le quotidien brosse un tableau saisissant de la condition humaine, et ses romans à saveur autobiographique et poétique l’imposent comme un témoin majeur de son temps. En novembre 2015, il publie Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo, un roman qu’il décrit comme sa longue lettre d’amour de 300 pages au Québec. Traduite mondialement, son œuvre lui vaut de nombreuses distinctions, y compris un Prix littéraire du Gouverneur général pour Je suis fou de Vava (2006). En 2013, il devient le premier Haïtien et le premier Canadien élu à l’Académie française.

 

Antonine Maillet

Antonine Maillet (née en 1929 à Bouctouche, au Nouveau-Brunswick) est reconnue pour sa passion pour l’identité, la langue et les coutumes acadiennes. Dès son premier roman, Pointe-aux-Coques (1958) elle utilise le français acadien. C’est toutefois avec la parution de La Sagouine (1971), un recueil de monologues en vieux français acadien qui rend hommage à la tradition orale de la région, que l’autrice se fait connaître. La même année, elle publie Rabelais et les traditions populaires en Acadie, auteur dont l’œuvre lui rappelle le folklore acadien et qui sera le sujet de sa thèse de doctorat.

Publié en 1979, son roman Pélagie-la-Charrette, qui raconte le retour en Acadie d’une partie des victimes déportées par les Britanniques lors du Grand Dérangement de 1755, vaut à l’Acadienne le très prestigieux prix Goncourt, en France. Récipiendaire de nombreux autres prix et reconnaissances, elle est nommée Officier de l’Ordre du Canada en 1976 et promue Compagnon en 1981.

Marguerite-A. Primeau

Née à Saint-Paul-des-Métis (aujourd’hui St. Paul), en Alberta, Marguerite-A. Primeau (1914-2011) s’illustre comme la pionnière de la littérature francophone de l’Ouest canadien. Écrivaine engagée, elle choisit d’écrire dans sa langue maternelle et avec une conscience de femme autonome la réalité des francophones de son coin de pays. Dans un style à la fois élégant et sobre, l’autrice décrit le quotidien de ses personnages, leurs espoirs et leurs désillusions, l’effacement des repères et l’isolement.

Son premier roman, Dans le muskeg (1960), raconte la fondation d’un village francophone du Nord albertain et témoigne des luttes de ses habitantes et habitants pour préserver leur langue et leur culture. Elle revisite la même communauté avec son deuxième roman, Maurice Dufault, sous-directeur (1983), cette fois au moment où on y découvre du pétrole. Marguerite-A. Primeau fait également paraître deux recueils de nouvelles, un genre littéraire qu’elle continue de pratiquer jusqu’en 2005. Son œuvre, depuis toujours bien appréciée par la critique littéraire, a reçu ces dernières années toute l’attention qu’elle mérite.