Cet article contient du contenu délicat sur des expériences traumatisantes qui pourraient bouleverser certaines personnes.
Des années 1830 aux années 1990, le gouvernement fédéral et l’Église catholique retirent de leur famille et envoient dans des pensionnats qu’ils ont créés plus de 150 000 enfants inuit, métis et de Premières Nations de partout au Canada.
On les y dépouille de leur langue maternelle et de leur culture. Ces enfants font face à des conditions propices aux maladies en plus de subir des sévices physiques, sexuels et émotionnels.
Des milliers ne retournent jamais à la maison, et les traumatismes se font encore sentir chez les survivants et survivantes et leur descendance.
Postes Canada a dévoilé quatre nouveaux timbres pour favoriser la sensibilisation à l’héritage tragique du système des pensionnats, dont les effets sont toujours ressentis par les Premières Nations, les Inuit et les Métis.
Deuxième volet de la série annuelle Vérité et réconciliation, les vignettes seront lancées le 28 septembre en vue de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation le 30 septembre.
Dans le cadre de son partenariat avec le Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR), Postes Canada a conclu un parrainage de cinq ans pour soutenir le travail essentiel du CNVR qui vise à faire connaître la vérité et favoriser la guérison.
Les timbres ont été créés en étroite collaboration avec le Cercle des survivants du Centre national pour la vérité et la réconciliation, ainsi qu’avec l’expertise externe de Crystal Gail Fraser et Tricia Logan, chargées de revoir le contenu. Ces partenaires ont souligné l’importance de la vérité dans une visée de réconciliation authentique, c’est-à-dire l’acceptation de l’histoire du système des pensionnats dans son entièreté et de ses répercussions à long terme sur les peuples autochtones.
Présentant des photographies d’archives de pensionnats et de résidences scolaires de différentes régions du pays, les timbres évoquent la peur, la solitude, la douleur et la honte vécues par des générations d’enfants autochtones à l’intérieur de leurs murs.
Voici les institutions présentées :
Pensionnat de Kamloops, Kamloops (Colombie-Britannique)
Ouverture : 1890
Fermeture : 1978
Confession : Catholique romaine
D’abord nommée l’École industrielle de Kamloops, l’institution fait partie des plus grands établissements du système des pensionnats des affaires indiennes. Les enfants de Premières Nations qui la fréquentent souffrent de pénuries alimentaires et d’un manque de vêtements, alors que maladies, conditions insalubres et mauvais traitements sont chose commune.
Le gouvernement fédéral ne répond pas entièrement aux demandes de financement et de soutien supplémentaires avant de prendre en charge l’administration de tous les pensionnats en 1969. À ce moment-là, le pensionnat de Kamloops n’offre aucun cours et sert, jusqu’à sa fermeture, de résidence pour les élèves qui fréquentent les externats de la région.
En 2021, un radar pénétrant permet de découvrir les restes potentiels de 200 enfants sur le terrain de l’établissement. Cette découverte vient modifier la compréhension qu’a la population canadienne du système des pensionnats et change la conversation nationale au sujet de ses répercussions sur les générations d’Autochtones.
Pensionnat de l’Île-à-la-Crosse, Île-à-la-Crosse (Saskatchewan)
Ouverture : 1821
Fermeture : 1976
Confession : Catholique romaine
Situé dans une communauté métisse historique, le pensionnat de l’Île-à-la-Crosse a été choisi pour représenter les expériences peu connues et complexes des Métis dans les pensionnats. L’institution se heurte souvent à un manque de financement et ses élèves doivent composer avec la menace continue d’incendies et les sévices physiques et sexuels.
Plus tard, lorsque le gouvernement fédéral accepte d’indemniser les survivants et survivantes des pensionnats et d’établir une Commission de vérité et réconciliation, il exclut le pensionnat de l’Île-à-la-Crosse, soutenant que l’ouverture de l’établissement précède la création du système fédéral des pensionnats. La Commission de vérité et réconciliation tient néanmoins une audience à Île-à-la-Crosse en novembre 2012.
Les Métis continuent de demander au gouvernement fédéral de reconnaître leurs expériences au pensionnat de l’Île-à-la-Crosse.
Pensionnat de Sept-Îles, Sept-Îles (Québec)
Ouverture : 1952
Fermeture : 1971
Confession : Catholique romaine
Le pensionnat de Sept-Îles, ou de Maliotenam, est la première institution du genre à ouvrir ses portes au Québec après la Seconde Guerre mondiale. L’enseignement y est offert en français et, à partir de 1961, l’établissement sert également de résidence pour les élèves de l’externat à Sept-Îles.
Nombre de ces enfants viennent de communautés innues. On les retire de leur famille et de leur communauté et on les dépouille de leur culture, leur interdisant de parler leur langue maternelle et les forçant à apprendre le français. Ces enfants subissent aussi des sévices physiques, sexuels et émotionnels.
Maliotenam est depuis longtemps un lieu de rassemblement pour les Innu de la région, et l’ancien pensionnat est devenu le site du Festival Innu Nikamu, l’un des plus importants festivals de musique et d’arts autochtones en Amérique du Nord.
Grollier Hall, Inuvik (Territoires du Nord-Ouest)
Ouverture : 1959
Fermeture : 1997
Confession : Catholique romaine
Grollier Hall ouvre ses portes dans l’agglomération nouvellement établie d’Inuvik dans le cadre d’un plan fédéral visant à établir des foyers dans le Nord. Les élèves y vivent et fréquentent l’externat Sir Alexander Mackenzie, qui se trouve à proximité.
L’une des dernières institutions à fermer, Grollier Hall est le théâtre de nombreux sévices physiques, sexuels et psychologiques. Dans de nombreux cas, les plaintes ne font pas l’objet d’une enquête adéquate, et ce n’est que plus tard que du personnel est reconnu coupable d’avoir agressé sexuellement des élèves à l’école.
Grollier Hall a été sélectionné pour l’émission de timbres afin de représenter les expériences des Inuit et des Premières Nations du Nord dans les pensionnats. Ce choix vise à élargir la portée de la série de manière à raconter ce qu’ont vécu les survivants et survivantes qui ont fréquenté les externats.
Oblitération
Les timbres sont oblitérés à Ottawa, où le gouvernement fédéral a adopté des politiques appuyant et facilitant le système des pensionnats pour des générations. Le cachet est constitué du drapeau des survivants, qui rend hommage aux survivants et survivantes, et à toutes les personnes touchées par le système des pensionnats.
Pli Premier Jour officiel et carnet de timbres
Le pli Premier Jour officiel et le carnet de timbres présentent des photos d’archives de quatre autres résidences scolaires et pensionnats choisis en consultation avec le Cercle des survivants :
Mohawk Institute, Brantford (Ontario)
Ouverture : 1828
Fermeture : 1970
Confession : Anglicane
Première école du système des pensionnats au Canada, le Mohawk Institute devait servir de modèle à d’autres écoles industrielles. Il demeure en service jusqu’en 1970, ce qui en fait le pensionnat ouvert le plus longtemps au pays.
Les enfants qui le fréquentent souffrent souvent de la faim, n’ont pas de vêtements adéquats et font face aux maladies et à des dangers d’incendies. On les force également à faire de longues heures de travail difficile. Les élèves qui tentent de fuir subissent des châtiments corporels.
L’Association of Iroquois and Allied Indians établit le centre culturel Woodland sur le site de du Mohawk Institut après sa fermeture. Le centre joue un rôle important dans la préservation, la promotion et le renforcement de la langue, de la culture, de l’art et de l’histoire autochtones.
Pensionnat d’Ermineskin, Maskwacis (Alberta)
Ouverture : 1895
Fermeture : 1975
Confession : Catholique romaine
Le pensionnat Ermineskin a été sélectionné pour l’émission de timbres afin de représenter les expériences des survivants et survivantes de la région des Prairies, où était située plus de la moitié des établissements du système des pensionnats dans les années 1920.
Les maladies et le surpeuplement y sont des problèmes constants. Trois enfants meurent de la tuberculose en 1903, tandis qu’un sondage du gouvernement révèle que la maladie infecte la moitié de ceux et celles qui fréquentent l’établissement dans les années 1920.
Le pape François visite l’ancienne institution en juillet 2022, avant de présenter ses excuses pour le rôle de l’Église catholique dans le système des pensionnats.
Turquetil Hall, Chesterfield Inlet (Nunavut)
Ouverture : 1954
Fermeture : 1969
Confession : Catholique romaine
Turquetil Hall, qui se nomme d’abord St. Mary’s residence avant d’être rebaptisé en 1961, accueille les élèves de communautés éloignées qui voyagent par avion pour fréquenter l’externat local.
Une enquête menée dans les années 1990 révèle que nombre de ces enfants y subissent des sévices physiques et sexuels. Une autre enquête est menée par la Gendarmerie royale du Canada à peu près au même moment, mais aucune accusation n’est portée.
Tout comme Grollier Hall, Turquetil Hall a été sélectionné afin que les expériences des survivants et survivantes du Nord, y compris ceux et celles qui ont fréquenté les externats, soient représentées.
Pensionnat de Shubenacadie, Shubenacadie (Nouvelle-Écosse)
Ouverture : 1929
Fermeture : 1967
Confession : Catholique romaine
Shubenacadie est le seul pensionnat pour enfants autochtones des Maritimes. Un an avant son ouverture, le système atteint un sommet de 80 écoles en service en même temps jusqu’à ce que d’autres soient fondées dans les années 1950.
Dès le début, le pensionnat, dont la construction laisse à désirer, est mal entretenu et surpeuplé. Les enfants qui le fréquentent doivent effectuer des travaux forcés et sont victimes de punitions sévères, de négligence, et de sévices physiques, émotionnels et sexuels.
Des élèves s’enfuient de l’établissement dans l’espoir de retourner à la maison et d’autres y décèdent. L’institution manque de ressources et de personnel pour s’occuper efficacement de ses pensionnaires et ferme ses portes en 1967.
Consultation future
Postes Canada continuera d’appuyer la réconciliation et la guérison en écoutant les voix autochtones, et s’engage à collaborer et à approfondir sa relation avec le Cercle des survivants afin qu’il la guide dans la création des timbres de son émission Vérité et réconciliation annuelle.
Les survivants et survivantes des pensionnats et leurs familles peuvent accéder en tout temps à la ligne d’écoute téléphonique nationale de Résolution des questions des pensionnats indiens. Au besoin, composez le 1 866 925-4419.
Une émission de timbres sur la vérité et la réconciliation met de l’avant l’importance de la vérité
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