Tommy Prince se rend au palais de Buckingham en 1945, où le roi George VI lui remet la Médaille militaire. Deux mois plus tard, il est décoré de la Silver Star (une médaille des États-Unis) par le brigadier-général E. F. Koenig. Il est l’un des trois Canadiens seulement à avoir obtenu ces deux honneurs lors de la Seconde Guerre mondiale.
Ces récompenses soulignent le courage dont il a fait preuve pendant son service et le mènent à devenir l’un des anciens combattants autochtones les plus décorés au Canada et un grand militant anishinaabe.
« Toute ma vie, dit-il, j’ai voulu faire quelque chose pour aider mon peuple à retrouver sa fierté. Je voulais leur prouver qu’ils valaient autant que n’importe quel homme blanc. »
Tireur et pisteur
Né dans la réserve de St. Peter, au Manitoba, dans la nation des Ojibway Brokenhead, Tommy Prince apprend d’abord à tirer, à chasser et à pister grâce à son père. Après avoir fréquenté un pensionnat autochtone, il s’intéresse à l’armée, mais ses tentatives pour s’y enrôler sont d’abord refusées. Il s’enrôle enfin dans le Corps du génie royal canadien après le début de la Seconde Guerre mondiale.
En 1942, il se joint à la Première Force de Service spécial, un groupe de reconnaissance et d’assaut spécialisé composé de soldats canadiens et américains, connu plus tard sous le nom de « Brigade du diable ». Tommy Prince se démarque également en tant que soldat de premier ordre reconnu pour ses talents de tireur et de pisteur, ses techniques furtives et son sang-froid.
En reconnaissance sur une ferme
En tant que sergent de reconnaissance au sein de la Première Force de Service spécial, Tommy Prince passe 24 heures, en février 1944, à faire de l’observation et à envoyer des rapports depuis une maison de ferme abandonnée près de Littoria, en Italie. Campé à seulement 200 mètres des lignes ennemies, il rapporte à son unité les mouvements de l’armée allemande et les emplacements de son artillerie.
Lorsque sa ligne téléphonique de 1 400 mètres est coupée par les bombardements, il sort de la maison déguisé en fermier qui s’occupe de ses terres. À la vue des soldats allemands, il s’arrête et, faisant semblant de lacer ses chaussures, répare la ligne et retourne dans la maison pour reprendre ses rapports. Grâce à lui, quatre postes allemands sont détruits.
Derrière les lignes ennemies
En septembre 1944, Tommy Prince et un soldat partent en reconnaissance loin derrière les lignes ennemies près de L’Escarène, en France, où ils passent pas moins de 72 heures privés de nourriture, d’eau et de sommeil, en plus de marcher entre 70 et 80 kilomètres sur un terrain difficile et montagneux. Néanmoins, leurs efforts portent fruit. Ils localisent le campement d’un bataillon de réserve allemand, ainsi que ses sites de tir.
Sur le chemin du retour pour aller faire un rapport à leur unité, Tommy Prince et le soldat tombent sur une escouade de la résistance française, encerclée par des Allemands. Les deux hommes se joignent au combat, tuant et blessant tellement d’ennemis que les Allemands se replient. Après son retour au sein de la Première Force de Service spécial, Tommy Prince guide son unité vers le campement allemand. La bataille qui s’ensuit mène à la capture de l’ensemble du bataillon allemand, soit 1 000 soldats environ.
Après la guerre
Tommy Prince rentre chez lui après la Seconde Guerre mondiale en tant que soldat décoré, mais il subit alors du racisme et de la discrimination. En tant qu’autochtone, il n’avait pas le droit de voter aux élections fédérales. De plus, il n’a pas accès à bon nombre des avantages généreux offerts aux anciens combattants blancs.
Pour défendre les droits de son peuple, Tommy Prince assume le rôle de vice-président de la Manitoba Indian Association. En tant que porte-parole du groupe, il témoigne devant un comité parlementaire spécial en 1947 afin de se prononcer en faveur de l’abolition de la Loi sur les Indiens et d’exiger le respect des traités existants.
Nouvel enrôlement
Après le début de la guerre de Corée en 1950, Tommy Prince s’enrôle de nouveau et sert au sein du 2e bataillon du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry. Avec son bataillon, il participe à la bataille de Kapyong, où ils tiennent une position défensive sur la colline 677 contre les forces chinoises et nord-coréennes. Il se porte volontaire pour une deuxième affectation en 1952.
« Il était extrêmement fier de son peuple », affirme Bill Shead, membre cri de la Première Nation de Peguis et capitaine de corvette à la retraite de la Marine royale canadienne. « Il était extrêmement fier des services qu’il a rendus à son peuple et au pays en tant que soldat. C’était un combattant pendant toute sa carrière militaire et il a traversé deux guerres. »
Plus tard dans sa vie, Tommy Prince subit la maladie et la pauvreté. Il décède en 1977 à l’âge de 62 ans au Deer Lodge Centre de Winnipeg. À ses funérailles, une délégation de la Princess Patricia’s Canadian Light Infantry porte son cercueil et des membres de sa réserve chantent la chanson Death of a Warrior alors qu’il
Tommy Prince a reçu un total de 11 médailles, y compris une à titre posthume, pour son service lors de la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée. Les Forces canadiennes ont nommé plusieurs immeubles et unités en son honneur. Entre autres honneurs en son nom, une statue a été érigée dans la nation des Ojibway Brokenhead et un monument a été construit au parc Kildonan de Winnipeg.
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