Des légendes de l’aviation marquent l’histoire
Courage. Adresse. Ingéniosité. Prouesses technologiques. Innovation.
Voilà qui décrit à merveille 5 pilotes, concepteurs et aéronefs qui ont marqué l’histoire de l’aviation canadienne par leur audace et leurs exploits.
L’émission de timbres Exploits de l’aviation canadienne de Postes Canada met en vedette 3 personnes et 2 aéronefs :
Le pilote de brousse légendaire C.H. « Punch » Dickins
Punch Dickins (1899-1995) survole le nord du Canada sur plus de 1,6 million de kilomètres.
Jeune as de l’aviation décoré de la Croix du service distingué pour sa bravoure durant la Première Guerre mondiale, Punch Dickins sert également au pays pendant la Seconde Guerre mondiale. Il dirige des écoles entraînant des milliers d’aviateurs du Commonwealth et supervise l’acheminement des avions construits dans les usines en Amérique du Nord vers les fronts européens.
Le pilote se distingue surtout par les longs vols qu’il effectue au-dessus des régions sauvages du Nord canadien.
En 1928, il réalise le premier vol de reconnaissance au-dessus des Barren Lands des Territoires du Nord-Ouest et parcourt plus de 6 000 kilomètres en 37 heures de vol. À cette époque, puisqu’il s’envole vers des destinations où il n’y a pas d’aéroport; il demande à des bateaux à vapeur de laisser des barils de carburant d’aviation le long de son trajet. Un jour, il manque de carburant au milieu de nulle part et est forcé d’amerrir. Un bateau à vapeur arrive un peu plus tard. Il demande alors à l’équipage de le conduire à sa cache à carburant. Le matelot lui répond qu’il y a déjà du carburant d’aviation « pour un certain Dickins » à bord.
La chance lui sourit, mais l’histoire de cette légende est bien plus qu’une histoire de chance. Punch Dickins est aussi un amateur de plein air, un pilote et un mécanicien. Son petit-fils John Dickins, de Niagara-on-the-Lake, en Ontario, est émerveillé par tout ce qu’il sait faire.
Au début des années 1970, alors qu’il est âgé de 7 ou 8 ans, John voyage d’Edmonton jusqu’aux régions sauvages des Territoires du Nord-Ouest à bord du Twin Otter de Punch, sur lequel est peint son nom. Durant ce week-end de pêche, Punch lui apprend plusieurs choses sur le pilotage, la météo, la cartographie, la pêche, la cuisine, les feux de camp et la survie.
« Je n’en étais pas conscient à l’époque, mais j’apprenais d’un des meilleurs au monde, se souvient John. Ces choses, il les mettait en pratique depuis plus de 70 ans. Il s’orientait sans GPS, et pêchait et chassait pour survivre. »
En 1984, Punch vient chercher John à l’aéroport de Victoria pour une visite. Âgé de 86 ans, le pilote arrive au volant d’une rutilante Jaguar Type E Série 3 à 12 cylindres de 5,3 litres équipée de 4 carburateurs qui semble tout droit sortie d’une salle d’exposition. Elle a en fait 13 ans. Punch avait fait tout l’entretien.
« Il était méticuleux, c’était un excellent mécanicien. »
Punch Dickins est surnommé « Tingmashuk » par les Inuits, un mot qui signifie « l’homme-oiseau ».
L’as de l’aviation William George Barker, V.C.
Pilote de la Première Guerre mondiale, William George Barker, V.C. (1894-1930) est le militaire le plus décoré de l’histoire du Canada et de l’Empire britannique.
Entre 1916 et 1918, il effectue plus de 900 heures de vol au combat et remporte 50 victoires aériennes. L’as de l’aviation Billy Bishop baptise Billy Barker « le pilote de chasse le plus redoutable de tous les temps ». À bord de son Sopwith Camel B6313, il abat 46 avions ennemis. Son appareil est considéré comme le meilleur avion de chasse de l’histoire de la Royal Air Force. Aucun pilote sous le commandement de Billy Barker ni aucun avion placé sous son escorte n’est abattu par l’ennemi.
Il reçoit de nombreuses distinctions, comme la Croix de Victoria, l’Ordre du Service distingué (2 fois), la Croix militaire (3 fois), la Croix de guerre et des médailles de l’Italie et de la France.
Billy Barker est aussi un peu rebelle ou, du moins, déterminé à rester dans le feu de l’action. Après une blessure, il est renvoyé en Angleterre pour former des pilotes. Peu emballé, il fait voler son biplan à basse altitude au-dessus de Piccadilly Circus. Ses supérieurs comprennent le message et le mutent dans un escadron de combat.
Le 27 octobre 2018, 3 de ses petits-enfants, dont Alec MacKenzie, de Surrey, en Colombie-Britannique, se rendent en France pour visiter l’endroit où leur grand-père a atterri en catastrophe 100 ans plus tôt, jour pour jour. Avec eux se trouve le petit-fils de l’officier britannique qui l’a dégagé des débris.
« Pour nous, c’est à ce moment que l’histoire de notre grand-père a réellement pris vie », dit Alec Mackenzie.
Cerné par les Allemands, Billy Barker a abattu 4 avions ennemis avant que son avion ne soit lui-même abattu. Son exploit ce matin-là lui a valu la Croix de Victoria, la distinction militaire suprême.
Après la guerre, Billy Barker se lance en affaires avec Billy Bishop pour fonder l’une des premières compagnies aériennes commerciales du Canada. En 1919, il devient le premier Canadien à transporter du courrier-avion international.
Il perd la vie en 1930, à 35 ans, alors qu’il effectue un vol au-dessus de la rivière des Outaouais près de Rockcliffe. Quelque 50 000 spectateurs assistent à ses funérailles, qui, à l’époque, attirent le plus grand nombre de personnes de l’histoire de Toronto.
Elizabeth « Elsie » MacGill : une pionnière
Toute sa vie (1905-1980), Elizabeth « Elsie » MacGill a su relever des défis considérables.
Elle est la première Canadienne à obtenir un diplôme en génie électrique, à faire une maîtrise en génie aéronautique et à travailler comme conceptrice professionnelle d’aéronefs. En 1946, elle devient la première femme à présider un comité technique en aviation des Nations Unies et elle joue un rôle important la création des normes de navigabilité des avions commerciaux.
Elle est également la première femme au monde à concevoir toutes les composantes principales d’un aéronef, le Maple Leaf Trainer II.
Elle est surnommée « Queen of the Hurricanes » dans une bande dessinée de l’époque, alors qu’elle supervise la finition et la production du Hawker Hurricane. Cet avion de chasse a rendu de fiers services pendant la Seconde Guerre mondiale, plus particulièrement lors de la bataille d’Angleterre. Ensuite, Elsie MacGill supervise le réoutillage d’une ancienne usine de wagons de marchandises à Thunder Bay, en Ontario, et apprend à des centaines de travailleurs à construire un avion. Elle rend aussi plusieurs des composantes plus faciles à remplacer si elles sont endommagées dans des combats aériens.
Elsie MacGill est entre autres membre de l’Ordre du Canada et intronisée au Panthéon de l’aviation du Canada et au Panthéon canadien des sciences et du génie. Elle défend les droits des femmes en militant, par exemple, pour le congé de maternité payé. En 1967, elle joint la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada.
Elsie MacGill est non seulement intelligente, mais elle fait aussi preuve d’une détermination sans pareil. Lorsqu’elle est frappée par la polio dans sa vingtaine, les médecins lui disent qu’elle devra dorénavant se déplacer en fauteuil roulant. Refusant d’accepter son sort, elle apprend toute seule à marcher à l’aide de cannes en métal.
Plus tard dans sa vie, alors qu’Elsie MacGill se rend de Montréal à Ottawa pour une réunion importante, sa voiture reste bloquée dans un banc de neige en pleine tempête. Elle place calmement le levier de vitesse en position de marche, sort du véhicule pour le dégager à l’aide son épaule, puis retourne à l’intérieur et « repart, tout simplement », raconte Rohan Solesby, son petit-fils par alliance.
« Ce n’est qu’un exemple qui démontre que rien ne lui semblait impossible », affirme-t-il.
Le Lazair, l’un des meilleurs avions ultralégers
Le Lazair est un bimoteur ultraléger à aile haute conçu par un Dédale de l’ère moderne.
Dans la mythologie grecque, c’est le génie qui crée des ailes faites de plumes et de cire.
Dans la vraie vie, Dale Kramer de Port Colborne, en Ontario, est le concepteur du Lazair. Fabriqué à partir des matériaux utilisés dans la construction des aéronefs modernes, le Lazair s’envole comme des petits pains auprès des passionnés d’ultralégers de ce monde.
L’ultraléger est considéré comme l’un des meilleurs jamais construits.
« Au fil des ans, cet appareil a apporté à bien des gens, y compris moi, des heures de plaisir et d’aventures, déclare Dale Kramer. Je ressens toujours autant de liberté et d’émerveillement quand je prends place dans le mien. »
Un jeune Dale Kramer abandonne ses études en aéronautique pour réaliser son rêve de voler en solitaire dans un avion que tout le monde peut construire. Il conçoit et construit donc un avion ultraléger stable, aérodynamique et tout à fait novateur. Le Lazair de 1979 est alimenté par 2 moteurs de scie à chaîne montés sur la partie supérieure du bord d’attaque de l’aile. Il est plus léger que le pilote moyen.
Il vole lentement, à une vitesse d’environ 65 km/h et peut décoller de n’importe où et atterrir presque partout. Et oui, toute personne le moindrement dotée d’habiletés manuelles peut construire le sien.
Le Lazair remporte des prix lors de plusieurs rassemblements d’aéronefs d’un bout à l’autre du globe. Entre 1979 et 1985, l’entreprise de Dale Kramer vend plus de 1 200 ensembles de Lazair, tous construits à Port Colborne.
Dale Kramer est honoré pour son apport remarquable à l’aéronautique au Canada et prend toujours plaisir à discuter avec d’anciens propriétaires de Lazair. Ceux-ci lui disent à quel point ils aiment « voler lentement au-dessus de la cime des arbres et sentir le vent caresser leur visage. »
L’Avro CF-105 Arrow
Considéré comme l’une des plus grandes réalisations technologiques de l’histoire de l’aviation canadienne, cet intercepteur bimoteur supersonique peut voler à une vitesse 2 fois supérieure à celle du son.
Il est conçu à Malton, près de Toronto, entre 1953 et 1959, au plus fort de la Guerre froide, pour intercepter les bombardiers soviétiques. Ses moteurs sont plus légers et plus puissants que ceux de ses concurrents américains ou britanniques. C’est le tout premier avion équipé de commandes électriques automatisées, et ses ailes en delta avant-gardistes contribuent à sa vitesse et à son efficacité à des altitudes élevées. Il s’agit de 2 des technologies novatrices que l’on utilise encore aujourd’hui.
Le 25 mars 1958, le pilote d’essai Janusz Zurakowski réalise un vol de 35 minutes à bord de l’Avro Arrow RL-201, l’un des 5 Avro Arrow jamais construits, au départ de l’aéroport Malton (aujourd’hui l’aéroport international Pearson de Toronto). Ce vol permet de démontrer les capacités de l’appareil.
Malgré l’annulation du programme moins d’un an plus tard, l’Avro Arrow reste une fière et grande réalisation de l’aviation canadienne.
Ces personnes et ces aéronefs sont en vedette dans l’émission Exploits de l’aviation canadienne.
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