La rapidité et l’efficacité. Des produits de l’ère numérique, tout comme la commodité, l’innovation, et bien plus encore. Cependant, le progrès se réalise rarement sans compromis, ce qui peut susciter un sentiment de nostalgie. Oui, certains d’entre nous cherchent souvent une touche personnelle.
Archaïque peut-être, mais irremplaçable
Établi à Toronto, Sonic Boom est le plus grand magasin de disques indépendant au Canada. Dans les allées délimitées par des étalages de disques de vinyle, on croise tous les types de clients, des adolescents qui découvrent ce support musical pour la première fois aux baby-boomers qui reconstituent leur collection de vinyles après les avoir boudés en faveur des CD.
« Il y a dix ans, les nouveautés ne représentaient que 10 % de ma marchandise, explique Jeffrey Barber, propriétaire. Aujourd’hui, le pourcentage de nouveaux vinyles est de 70 %. De nombreux artistes lancent leurs albums en combinant les versions numérique et sur disque vinyle. »
Grâce à une nouvelle génération de tourne-disques numériques, les vinyles sont à la portée de tous. Bien que Barber souligne que les disques de vinyle offrent une meilleure expérience d’écoute, l’avantage de nombreux tourne-disques d’entrée de gamme sur les MP3 est négligeable.
« C’est l’expérience derrière l’achat et la possession de disques de vinyle qui motive ces clients, ajoute-t-il. Cela tient beaucoup au graphisme de la pochette de l’album et au texte qui y figure. Il y a aussi l’enchaînement des pistes, qui représente une grande partie du choix artistique. Même le silence entre les chansons est important pour créer une tension dramatique qu’on ne ressent pas lorsque la musique est diffusée en continu.
Contrairement à la musique en format MP3 que nous écoutons les écouteurs dans les oreilles, celle sur disques de vinyle nous accompagne chez un ami où nous la partageons. »
« La version vinyle de la bande sonore de Star Wars : Le réveil de la force présente un 3D hologram d’un vaisseau spatial flottant à deux pouces au-dessus du disque, explique Barber. L’effet est très impressionnant. »
Célébrons l’art fait à la main
Le bédéiste américain indépendant Noah Van Sciver dit qu’il se sent anxieux lorsque ses confrères se tournent vers les outils numériques.
« Je m’inquiète qu’une personne de moins achète du papier Bristol de Strathmore ou des stylos Micron, dit-il. Une baisse de la demande pourrait signifier que mes outils de travail seront plus difficiles à trouver. »
Le créateur de Blammo, recueil salué par la critique, et des romans illustrés St. Cole et Fante Bukowski n’utilise pas d’ordinateur pour faire ses dessins.
« Je regarde les premiers effets spéciaux par génération d’images par ordinateur dans les films produits dans les années 90 et je refuse que mon travail vieillisse comme ça, explique-t-il. Je peux lire une bande dessinée publiée dans les années 80 et, si elle est bien écrite, elle résiste à l’épreuve du temps. »
Il travaille avec de l’encre et du papier, mais il a recours à Adobe Photoshop pour ajouter une couche numérique de couleurs d’arrière-plan aux dessins numérisés.
« Il s’agit de célébrer et de souligner le travail réalisé à la main, en l’aidant à ressortir par l’augmentation de l’éclat des couleurs lors de l’impression, dit Van Sciver. Mes dessins originaux, c’est mon héritage. Je ne veux pas être celui qui se présente à sa propre rétrospective avec une clé USB remplie de fichiers numériques. »
Le pouvoir de la synergie
« Les communications numériques peuvent générer un certain type de résultat de manière efficace. Cependant, une véritable lettre reçue par la poste approfondit la relation avec le même contenu », affirme Daniel Dejan, directeur de l’impression et de la créativité à Sappi North America. Il est d’avis que l’expérience numérique ne pourra jamais remplacer les expériences tactiles, mais l’un peut servir à l’autre efficacement.
Le magazine INSPIRACTIONS de Postes Canada a trouvé l’équilibre entre le numérique et le physique par la dynamisation du papier traditionnel. Le plus récent numéro du magazine intègre une nouvelle dimension à ses pages, laquelle peut être découverte par les lecteurs à l’aide de l’application Shazam gratuite. En effet, ils peuvent désormais utiliser leur téléphone intelligent pour lancer des vidéos YouTube et découvrir les études de cas intéressantes dans le magazine.