Adam Rondeau se rappelle comme si c’était hier à quel point ses associés et lui étaient emballés quand la brasserie Daft Brewing (site en anglais seulement), leur brasserie, a finalement ouvert ses portes.
Après avoir passé des mois à travailler 14 heures par jour pour transformer un garage désaffecté et en faire le bar de leurs rêves, ils accueillent enfin leurs premiers clients. Adam se souvient encore de sa première évaluation sur Google et du moment où il a vu l’enseigne de la brasserie s’allumer sur la rue principale de Kingston, en Ontario. « Je ne rêvais pas de lancer une entreprise, je rêvais de lancer cette entreprise », confie Adam.
Murale colorée se trouvant à l’extérieur de la brasserie Daft Brewing d’inspiration californienne.
L’onde de choc COVID-19
Les associés ont un plan d’affaires béton et une vision bien précise pour favoriser le succès de leur entreprise : ils comptent susciter l’engouement populaire en créant un bar d’inspiration californienne – le seul du genre en ville. Ils concentrent leurs efforts sur la collectivité pour attirer les locaux dans leur espace au style unique dédié à la bonne bière. Mais 6 semaines plus tard, la COVID-19 frappe.
« La pandémie a complètement bouleversé nos plans et nous a forcés à revoir notre modèle d’affaires. »
Changer de cap pour rester à flot
L’entreprise se voit immédiatement contrainte d’abandonner les fûts de houblon en bouteilles, tout en cherchant comment soutenir sa collectivité et son personnel.
« On a rassemblé tous les pourboires issus des ventes de bouteilles pour aider les employés qui s’étaient retrouvés sans travail. Ça nous a permis de leur donner de 300 à 400 $ chacun durant cette période difficile. Mais notre plus grand projet a été de lancer la production de désinfectant pour les mains à offrir dans la communauté. »
Lorsque les associés réalisent que plusieurs distilleries ont commencé à fabriquer du désinfectant pour les mains, ils se donnent pour mission de leur emboîter le pas.
La collectivité à la rescousse
La production de désinfectant nécessitant de l’éthanol, dont la préparation requiert une grande quantité de sucre, les associés passent par Instagram pour solliciter des dons.
Explorez l’univers de cette brasserie artisanale au grand cœur
Découvrez Daft Brewing (site en anglais seulement)« La réponse des gens a été impressionnante », se réjouit Adam, ajoutant qu’en plus de sucre et de dons monétaires, les gens ont offert de leur temps, des contenants, des armoires, des matières premières, de l’équipement d’emballage et bien plus encore. Pas moins de 20 groupes communautaires et une multitude de personnes soutiennent Daft Brewing, qui produit ainsi plus de 2 000 litres de désinfectant pour les mains.
Une entreprise au grand cœur
En retour, les associés décident de donner leur désinfectant à des hôpitaux, à des groupes communautaires, à des maisons de soins de longue durée et à des entreprises locales. Leur initiative permet même à un service de livraison de repas pour personnes vulnérables de reprendre du service.
Les passionnés de houblon décident aussi de mettre le local où se trouve leur bar à la disposition d’autres entreprises.
Travailler main dans la main
Daft Brewing a à cœur d’encourager d’autres petites entreprises. Des événements pizza y sont régulièrement organisés en collaboration avec une pizzeria locale et l’établissement sert de point de ramassage pour un petit marché en ligne du coin. La brasserie fait aussi appel à des artistes de la région pour réaliser 3 immenses murales extérieures, et elle saisit toutes les occasions de s’associer à diverses entreprises pour organiser des soirées créatives ou accueillir des boutiques éphémères.
Daft Brewing aura ainsi collaboré avec des centres de conditionnement physique, des studios de yoga, des restaurants, des collectifs d’artistes, des musées, des associations de lancer de hache et même la Ville de Kingston pour concocter des activités amusantes profitant à tous.
« Dès qu’on repère une occasion mutuellement intéressante de nouer des liens avec une entreprise locale, on fait tout ce qu’on peut pour la concrétiser. Si on est encore là, c’est grâce aux gens de notre collectivité. On veut donc leur rendre la pareille et leur témoigner notre reconnaissance du mieux qu’on peut », raconte Adam.
Préparer l’avenir
Il faudra attendre la fin de l’hiver pour pouvoir se prononcer sur le succès de Daft Brewing, qui dépendra largement du cours de la COVID-19. Adam explique que lui et ses associés sont en train de passer à un modèle essentiellement axé sur la livraison et de mettre sur pied la collecte en bordure de trottoir. Ils songent également à offrir le service au volant.
« On va faire tout ce qu’on peut pour que les gens puissent se procurer nos produits pendant l’hiver. Et on va tout doucement essayer de faire connaître notre marque à Toronto et à Ottawa », confie Adam.
Pour Daft Brewing – et toutes les autres entreprises – demeurer flexible et savoir s’adapter sera la clé.
« À mon avis, seules les entreprises qui vont savoir adapter leurs activités vont être capables de continuer à payer leurs factures et d’éviter le pire. La situation actuelle est la preuve qu’on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. »
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