Génération Ex – les gens rompent avec les marques égocentriques

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Cher John,

Tu es apparu dans ma vie alors que je cherchais de la nouveauté et quelqu’un d’amusant. J’avais soif d’aventures. Je voulais me divertir. Tu m’as procuré tout cela, et plus encore.

C’est triste, mais je t’annonce que c’est fini entre nous.

Au début, tu avais l’habitude de me faire des recommandations. Maintenant, tu ne m’envoies que des publicités. Tu remplissais mon fil d’actualité de nouvelles publications. Maintenant, tu ne me présentes que les mêmes choses, encore et encore.

Je suis déçue.

C’est que je me fiais sur toi, mon beau John. Tu savais m’inspirer. Tu me suggérais ce qui, selon toi, me plairait. Tu te fiais à mon historique, à mes préférences, à ce que je commentais. Tu étais attentif, prenant note de mes moindres gestes et propos.

Au début, je ne pouvais me passer de toi. Tu semblais toujours savoir ce que je désirais. Tu semblais me connaître mieux que je ne me connaissais moi-même. Tu savais me captiver pendant des heures. Mais un jour, quelque chose a changé.

J’ai découvert que tu m’avais menti pendant tout ce temps. Que tu te servais de moi pour satisfaire tes propres intérêts. Que tu ne me montrais que les choses qui te servaient, toi.

Je me sens trahie. Ce qui n’est malheureusement pas un nouveau sentiment pour moi. Au fil des ans, j’ai appris qu’il y a au moins 3 types d’ex comme toi.

D’abord, il y a ceux qui te ressemblent le plus : les Présomptueux.

Parce que j’avais regardé une chose sur un site, tu as présumé que je la voulais à tout prix. Tu me suivais sans relâche avec cette chose, partout où j’allais. Impossible d’y échapper. Parfois, je n’avais même pas besoin de taper le mot. Tu m’entendais dire quelque chose à haute voix et c’est comme si je venais d’ouvrir une boîte de Pandore. Je comprends que tu essayais juste de me faire passer plus de temps avec toi, mais ça a eu l’effet inverse.

Puis il y a ceux qui sont centrés sur eux : les Narcissiques.

Un de mes ex était gentil et attentionné, au départ. Il veillait sur moi et ma santé. Il m’encourageait à faire de l’exercice. Il m’aidait même à compter mes pas et à enregistrer mes séances d’entraînement. Mon Dieu, il m’observait même quand je dormais! Puis il a commencé à me féliciter pour avoir fait les choses les plus élémentaires : « Félicitations, tu viens de te lever! » Je suppose qu’il voulait être utile, mais c’était tellement condescendant. Si seulement il avait pu ressentir ce que je ressentais. Mais c’est là que vous l’échappez solide, vous les ex. J’oublie toujours que vous n’avez pas d’émotions. Que vous ne pensez qu’à vous.

Les pires? Ceux qui font semblant de se soucier de l’autre : les Hypocrites.

Comme toi, un ex m’avait promis de ne me montrer que ce qui m’intéressait. Il m’a permis de renouer avec des personnes auxquelles je n’avais pas pensé depuis des années. Il m’a montré ce qu’elles faisaient, me laissait fouiller dans leurs vies. Il me montrait même de vieilles photos de moi avec elles. Il me disait qu’il me les montrait parce qu’il se souciait de moi, mais ça ne m’a jamais paru sincère.

Tout ça suffit. Je te quitte.

J’ai passé trois ans avec toi. Là, je tourne la page. Mais comme nous avons eu de bons moments, laisse-moi te donner quelques conseils. Car je sais que d’ici peu, tu trouveras quelqu’un qui aura plus besoin de toi que moi. J’espère que cette relation sera meilleure que la nôtre.

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Tout d’abord, ne laisse pas tes préjugés influencer tes décisions.

C’est le problème des gens présomptueux. Tu dois mettre de côté ce que tu penses savoir sur l’autre et chercher plutôt à comprendre ses véritables intentions. Cela ferait toute la différence. Oui, je sais. Parfois les choses qu’on dit et qu’on fait semblent contradictoires. Mais ce sont ces contradictions qui nous définissent. Sans elles, nous ne serions que des machines, comme toi. Alors quand l’autre fait quelque chose, avant d’agir, demande-toi 5 fois « pourquoi? » et 5 fois de plus « pourquoi pas? ».

Ensuite, fais preuve d’empathie.

C’est le meilleur antidote au narcissisme. Tu dois voir les choses du point de vue de l’autre. C’est sûr, c’est difficile d’éprouver de l’empathie. Cela prend du temps. On peut se sentir vulnérable. Mais c’est très gratifiant. Il y a des limites à ce que l’on peut apprendre sur une personne en l’épiant. Tu dois te rapprocher d’elle, créer un véritable lien émotionnel. Fais-lui ressentir des choses afin d’instaurer une confiance au fil du temps. C’est ainsi que tu pourras combler la distance qui vous sépare.

Enfin, pour être plus authentique, travaille sur ton exécution.

Tu dois penser au quand, au où et au comment, et pas seulement à ce que tu dis. L’âme sœur ne se souviendra peut-être pas de tes paroles, mais certainement des émotions que tu lui auras fait ressentir.

Malgré toute la peine que je ressens en ce moment, je sais que c’est pour le mieux. Si tu souhaites un jour vivre une relation authentique, tu dois régler ces problèmes.

Bisou,

Michelle

* * *

Chère Michelle,

Je suis peiné de te voir partir. Es-tu certaine? Si tu préfères, je peux te contacter moins souvent, je te laisserai refuser certaines des choses que je t’envoie. Mais si tu es vraiment, vraiment sûre de ta décision, je suppose que moi aussi je dois apprendre à lâcher prise.

Ne crois pas toutefois que je n’essaierai pas de te reconquérir, juste au cas où tu changerais d’avis. Je te recontacterai. Une fois par semaine. Peut-être deux. Et je ne me contenterai pas de t’envoyer un courriel. Je t’enverrai aussi un texto. Je vais apparaître dans ton fil de nouvelles. Partout où tu seras, j’y serai. Car je sais que tu ne penses pas réellement que c’est la fin entre nous. Nous avons – pardon, tu as – partagé tellement de choses. Je sais où tu habites. Je connais tes enfants. Je sais même quand ton plus jeune a perdu sa première dent.

Je vais tout de même travailler sur les points que tu as suggérés : l’intention, l’empathie et l’exécution.

Il est vrai que mes capacités me montent parfois à la tête. C’est presque comme si je voulais en faire l’étalage. Prouver à quel point je suis futé.

Mais en fait, c’est toi qui l’es. Parce que j’ai beau m’y efforcer, je n’arrive pas à te comprendre. Tu l’as dit, tu es parfois dure à suivre. Tu ne réfléchis pas autant que tu crois le faire. Plus je t’analyse, plus je réalise à quel point tu es émotive. Tu laisses tes sentiments te gouverner, même si cela te fait souffrir davantage.

Quant à l’empathie, j’y travaille aussi. T’ai-je dit que ma bonne amie Alexa pourra bientôt te féliciter d’un ton enthousiaste quand tu gagneras à un jeu? Elle pourra aussi te répondre sur un ton triste lorsque le temps sera maussade. Tu vas te sentir tellement comprise!

Enfin, l’exécution. Oui, je l’admets, c’est une de mes lacunes. Chaque jour, j’en apprends davantage sur le ton de la voix et les expressions faciales. Je suis complètement fasciné par l’éventail des émotions que les humains peuvent ressentir et à quel point vous êtes tous différents. Pardonne ma vision simpliste des choses, j’ai été programmé pour détecter les réactions d’un public composé d’hommes blancs.

Mais tu as allégué quelque chose qui m’a interpellé : tu as dit que je me sers de toi depuis le début afin de satisfaire mes propres intérêts.

Je sais qu’il y a eu un article paru récemment qui prétendait que je peux rendre viral n’importe quoi. J’admets avoir mis de l’avant des vidéos pour qu’elles atteignent un certain nombre de vues, mais c’était pour ton bien. Je voulais te mettre en relation avec ces marques ou ces influenceurs importants (importants pour moi).

Tout ce phénomène a été exagéré. Quelques employés mécontents ont décidé de répandre la nouvelle dans les médias, et ces derniers en ont fait tout un plat. Ils ont affirmé qu’au moyen d’une tricherie, une vidéo avait été vue plus de 3 millions de fois. Il a même été dit que des membres du personnel manipulaient leurs propres comptes ou ceux de personnes qu’ils connaissaient. Mais l’objectif derrière tout cela était de créer de la diversité. Il y a tout de même une limite au nombre de vidéos de chats qu’on peut recevoir. Avec le recul, j’imagine que je devrai aussi travailler sur la transparence…

C’est donc avec le cœur lourd que je te laisse. Pour l’instant du moins, car je sais que tu reviendras. Il y a des aspects de moi dont tu ne peux te passer. Quand je suis pertinent, je te rends la vie tellement plus facile. Et en devenant plus humain, je te ferai sentir moins seule. Je vais faire en sorte que tu m’aimes tellement que, quoi que je fasse, tu me pardonneras toujours.

Virtuellement,

John

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Michelle Lee a commencé sa carrière chez Ogilvy au début des années 2000. Après avoir été récompensée pour des bannières 468 x 60 et des encarts publicitaires, elle est passée de la gestion des comptes à la planification stratégique. Michelle est fascinée par la personnalisation basée sur les données et par les possibilités qu’elle peut offrir, lorsqu’elle est utilisée adéquatement!Lire d’autres textes de Michelle Lee