La joie de renouer avec notre monde virtuel et réel en adoptant une mentalité englobante

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Un jour, durant la pandémie, je suis descendue au sous-sol et j’ai dépoussiéré un paquet de vieilles lettres adressées à d’anciennes versions de moi-même. Leur lecture m’a éloignée des écrans pour me replonger dans ce chemin parcouru du passé au présent.

Ces lettres – signées par mes parents, de lointains amoureux, mon futur mari ou ma sœur vagabondant à l’étranger – m’ont servi de point d’ancrage durant l’événement mondial le plus déroutant de ma vie.

Elles m’ont rappelé l’importance d’être entourée de personnes en chair et en os dans un monde que je peux voir, toucher, sentir et chérir. Elles m’évoquaient la joie trouvée dans les petits plaisirs et dans les communautés qui m’ont animée.

Dans l’article « One Year Later: 8 Reflections From the Pandemic» (en anglais seulement), paru dans Forbes, la spécialiste du marketing Helen Dwight nous décrit comme des créatures fondamentalement sociales qui puisent soutien, motivation et appréciation les unes auprès des autres.

La pandémie nous a appris à faire appel à tous nos sens, pour profiter de l’instant présent. D’où l’importance des expériences.

Plusieurs évoquent avec anticipation un retour à lanormale. S’il est évidemment sage d’apprendre du passé, il serait à mon avis insensé de bâtir un avenir trop proche de la réalité d’avant.

Profitons plutôt de ce moment unique pour adopter une attitude réfléchie et équilibrée. Maintenant que nous pouvons lever les yeux de nos écrans pour recommencer à vivre le moment présent avec nos cinq sens, changeons le cours des choses.

Une mentalité hybride ouvre de belles occasions d’unir les facettes de notre univers en un tout encore plus valorisant.

Connectivité

La rapidité de la transformation numérique durant le confinement a fait couler beaucoup d’encre. La vie, le travail, le magasinage, tout a changé. La pandémie m’a rappelé combien j’ai soif de rencontres et d’expériences humaines au quotidien.

Quand la vaccination nous a permis de sortir, ces moments tangibles sont devenus des priorités. Nous avons trouvé le plaisir, la solidarité et le réconfort dans l’expression physique de notre identité – les délices de la vie revenaient au menu.

À ma première visite dans une boutique après le confinement, je me suis délectée du bruissement des cintres, de la sensation des tissus, de la fébrilité d’essayer un vêtement que je n’aurais pas à remballer et à retourner s’il ne convenait pas. Grâce à Instagram, mon magasinage devenait un happening artistique.

La même excitation m’a envahie au marché Stackt de Toronto, où communauté, divertissement, restauration et commerce s’allient joyeusement dans le plus vaste marché fait de conteneurs.

La réouverture des terrasses, salles à manger et rues marchandes a révélé le véritable sens du mot rencontre. Rien ne remplace la présence de convives autour d’une bonne table : on échange des regards, on lance des idées, on rit à en pleurer. L’équivalent par écrit serait épuisant.

Réciprocité

Les marques les plus agiles ont eu tôt fait de rééquilibrer les choses. Elles ont appris des nouveaux comportements en ligne et hors ligne pendant le confinement, puis transformé ce bagage en expériences qui reflétaient les nouveaux besoins exprimés. Les gens leur ont rendu la pareille en parlant de leurs trouvailles et en faisant l’éloge des marques.

Prenons l’industrie de la mode. Constatant dans les conversations numériques qu’on s’inquiétait du gaspillage lié à la surproduction, certaines marques ont pris les choses en main : elles ont contré la mode jetable avec une production sur demande. Un bel exemple d’écoute.

Chez Vincero, les montres sont fabriquées en petites quantités pour arrimer valeur et qualité. La bijoutière torontoise Michelle Ross, elle, se sert des médias sociaux pour sonder les préférences de la clientèle internationale, évitant ainsi le tâtonnement et la surproduction.

ALOHAS opte aussi pour un modèle à la demande : la marque ne lance la production qu’une fois la commande passée; en prime, elle recueille ainsi de précieuses informations qui renseignent les équipes de production ce que les gens veulent vraiment2.

Des marques créent des expériences de consommation exceptionnelles en magasin pour alimenter la réalité augmentée et bonifier le parcours d’achat en ligne; une façon efficace de dynamiser l’espace numérique qui se démarque avantageusement des plates fiches techniques des sites transactionnels.

À New York, le magasin de jouets thématique CAMP mise sur les expériences réelles en famille. Réponse rapide aux circonstances pandémiques, ses fêtes d’anniversaire virtuelles ont joint 10 000 enfants dans le monde et ont même attiré des commandites.

En cette ère où la réciprocité est réduite à un échange de J’aime sur les médias sociaux (aime ma publication, et je me sentirai forcée d’aimer la tienne), il est bon de voir la collaboration s’arrimer à la consommation et rafraîchissant de découvrir des modèles d’affaires centrés sur les personnes plutôt que les canaux ou les produits.

Circularité

On récolte ce que l’on sème. Les dernières années nous l’ont bien appris. Nous sommes plus conscients du monde qui nous entoure et de notre incidence sur lui. Remettant en question l’économie linéaire, individus et entreprises revoient maintenant leurs écosystèmes et repensent le cycle des ressources pour créer un avenir durable.

Nous réalisons que nous ne pouvons pas revenir à l’ancienne réalité. Mais comment repenser notre monde et nos façons de travailler, de vivre, de socialiser et de voyager?

Pour sa part, IKEA s’est engagée à devenir 100 % circulaire d’ici 2030. S’attachant à retransformer rebuts et surplus en ressource, le détaillant met à l’essai des solutions circulaires telles que la location de meubles, la mise en place de programmes de revente et l’incitation à la réparation, la réutilisation et le recyclage des vieux meubles3.

En 2019, IKEA a donné une seconde vie à 47 millions de produits : 38 millions ont été revendus dans son rayon spécialisé « Carrefour circulaire », et plus de 9 millions ont été remballés et remis sur les tablettes. Un réjouissant exemple de transformation concrète.

Communauté

Parlons de la série Ted Lasso. Même si elle prend vie en ligne grâce à des services de diffusion en continu comme Apple TV+, à qui l’on doit cette œuvre, il reste que ce succès monstre est une affirmation des liens heureux et porteurs d’espoir que l’on tisse dans le monde réel. Du pub au terrain, du vestiaire aux ruelles de Londres, les humains imparfaits de Ted Lasso nous rappellent ce que signifie l’appartenance à une communauté bienveillante.

Quand notre univers tangible a soudainement rétréci, notre attention s’est concentrée sur notre environnement immédiat. Nous avons redécouvert l’importance de la collectivité. Ce regard neuf sur notre milieu était l’occasion de repenser notre responsabilité collective et de mieux contribuer au tissu social de notre microcosme : maison, rue, quartier, ville, province, pays. Nous avons ainsi trouvé du réconfort dans le quotidien, le familier, la proximité.

Tangibilité

À l’été 2021, mon mari et moi avons voyagé à travers le Québec; nous avons goûté à nouveau au pur bonheur d’une escapade sur la route plutôt que de la rêver passivement en lisant un blogue. Cela m’a reconnectée aux expériences originales et profondément satisfaisantes que je ratais quand j’étais rivée à mon écran. Les expériences n’ont pas toujours la même saveur en mode virtuel.

Nous avons plongé dans l’histoire des immigrants irlandais à la station de quarantaine de Grosse-Île. Nous avons surpris des échanges spontanés entre les horticulteurs du Jardin botanique de Montréal. Nous avons admiré la splendeur de la vallée glaciaire des Hautes-Gorges. Et nous avons ressenti dans nos tripes ce qui fait de l’Arrondissement historique du Vieux-Québec un trésor du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Cet été-là, les pêches de l’Ontario et les petits fruits de l’île d’Orléans n’ont jamais eu si bon goût. Des chefs renommés tâchent depuis longtemps de nous connecter aux produits du terroir, nous poussant à voir au-delà du contenant à emporter et de la pellicule plastique pour faire des choix saisonniers éclairés. Il aura fallu une pandémie pour que le message passe. Bien que vous pouvez « aimer » la photo de mon alléchant déjeuner sur les médias sociaux, vous n’en appréciez qu’une seule dimension. L’arôme, la texture et l’extase de la première bouchée vous échappent.

Aujourd’hui, les programmes d’agriculture soutenue par la communauté, les restaurants de la ferme à la table et la tendance des potagers maison mettent en valeur la provenance des aliments, tandis que la perturbation des chaînes d’approvisionnement nous alerte des dangers de la surconsommation, des importations exotiques et de la fragilité de nos réseaux alimentaires qui reposent si lourdement sur la technologie.

Possiblité

On m’a récemment rappelé que le cerveau fonctionne mieux quand tous ses composants coopèrent; lorsque l’impulsif cerveau reptilien domine, le raisonnable lobe frontal a du mal à tenir le couvercle sur la marmite.

Cette collaboration positive se retrouve dans plusieurs sphères de la vie, et c’est pourquoi je pense que le moment est venu de conjuguer le virtuel et le réel.

Dans la course à la transformation numérique, bien des entreprises ont manqué de prévenance. Pour rétablir l’équilibre, il faut réunir nos expériences en y infusant le facteur humain et l’authenticité. Il est parfaitement possible pour nos mondes physique et numérique d’emprunter l’un de l’autre et d’ainsi multiplier leurs forces respectives.

Nous vivons une période déterminante – faisons en sorte qu’elle mérite d’être racontée. Dans la joie!

Amanda O’Donovan est une rédactrice-pigiste commerciale issue du marketing et des ventes. Son expertise englobe plusieurs secteurs d’activité. Du contenu éditorial au livre blanc, sa plume sait créer des liens émotionnels, tout en apportant une touche de clarté, d’humanité et de sincérité aux communications commerciales : info@amandaodonovan.com

Cet article a été publié dans le numéro Pleins feux sur 2022 du magazine INSPIRACTIONS.

Sources :
1 Dwight, H. « One Year Later : 8 Reflections From The Pandemic », Forbes.com, 23 mai 2021.
2 Alohas.io. « Mode à la demande »
3 IKEA.com. « Un IKEA circulaire; rendre les choses que nous aimons plus durables »

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Amanda O’Donovan est une rédactrice-pigiste commerciale issue du marketing et des ventes. Son expertise englobe plusieurs secteurs d’activité. Du contenu éditorial au livre blanc, sa plume sait créer des liens émotionnels, tout en apportant une touche de clarté, d’humanité et de sincérité aux communications commerciales : info@amandaodonovan.comLire d’autres textes de Amanda O’Donovan