Les entreprises canadiennes situées en bordure du plus vaste marché de consommation au monde devraient considérer une percée de ce marché comme une occasion plutôt qu’un défi redoutable, selon une grande spécialiste de la stratégie commerciale.
« Pour les détaillants canadiens, il existe plusieurs avantages à amorcer une expansion internationale aux États-Unis », affirme Sheila Berry, vice-présidente de la nouvelle stratégie de développement commercial à Newgistics, un fournisseur de technologie, de prise en charge et de logistique dans le domaine du cybercommerce.
La proximité géographique constitue l’avantage le plus évident et le plus attrayant, selon elle. « Être en mesure de transporter de la marchandise par camion de l’autre côté de la frontière représente un énorme avantage. »
Il y a aussi la langue commune. L’anglais, langue officielle aux États-Unis, est utilisé par la majorité des Canadiens.
Enfin, n’oublions pas la devise qui penche en faveur des exportateurs canadiens, qui peuvent régler la plupart de leurs coûts au moyen du dollar canadien, dont la valeur est plus basse, et vendre leurs biens aux consommateurs des États-Unis à des prix en dollars américains, dont la valeur est plus élevée.
Les consommateurs des États-Unis se tournent de plus en plus vers les détaillants canadiens », affirme-t-elle. « Au cours de la dernière année seulement, le nombre d’Américains ayant fait des achats sur le site Amazon canadien a doublé. » On estime que les dépenses annuelles des consommateurs américains sur les sites de vente au détail canadiens s’élèvent à 3,5 milliards de dollars.
Le marché des États-Unis représente la plus importante économie au monde, avec un PIB estimé à 18,6 billions de dollars. En 2015, A.T. Kearney, une société mondiale de conseil en gestion, a statué que les États-Unis détenaient le cybermarché le plus attrayant au monde, et les ventes du cybercommerce de détail de l’année dernière se sont élevées à 342,96 milliards de dollars américains. On prévoit que ce nombre atteindra 500 milliards de dollars d’ici 2018, et 600 milliards de dollars en 2019.
Un défi intéressant
Il existe des défis, fait-elle remarquer, pour les commerçants canadiens qui espèrent vendre leurs biens aux États-Unis. Au cours de la dernière année, la réglementation américaine a changé de manière à permettre l’importation de marchandises totalisant jusqu’à 800 dollars américains sans avoir à payer de droits et de taxes. Cependant, certaines catégories de marchandises, comme les aliments, les produits pharmaceutiques et les vitamines, sont réglementées et font l’objet de restrictions.
« Il peut être un peu plus complexe d’importer ces biens aux États-Unis, mais avec le bon partenaire de dédouanement, ces difficultés sont facilement surmontables », explique madame Berry.
Selon elle, les détaillants canadiens qui planifient une expansion vers les États-Unis devraient se pencher sur l’ensemble des coûts de logistique et songer à embaucher un partenaire logistique situé aux États-Unis, comme Newgistics, qui a des ententes de partage de travail avec l’administration postale des États-Unis. « Ces partenaires permettent souvent une meilleure flexibilité que les programmes mis en place par le détaillant lui-même. Ils ont habituellement des délais de mise en œuvre plus courts et peuvent représenter des économies importantes par rapport aux [entreprises de livraisons] traditionnelles, tout en étant en mesure de joindre la vaste majorité des consommateurs américains rapidement. »
La montée du phénomène omnicanal
Selon madame Berry, si on examine les tendances du commerce international, la « mondialisation de l’expérience omnicanal » dont témoigne l’ouverture de magasins physiques par les cyberdétaillants et l’adoption du cybercommerce direct par les fabricants deviendra un phénomène transfrontalier.
D’après elle, un détaillant canadien qui ouvre un magasin physique aux États-Unis peut « réellement changer le portrait » de la chaîne d’approvisionnement. « Il pourrait être en mesure d’exécuter des commandes passées sur des sites de vente au détail américains, et il pourrait même s’approvisionner en stocks dans plusieurs pays en même temps.
Le concept d’omnicanalité dans le cadre du cybercommerce mondial prend ainsi beaucoup plus d’importance. »